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Le retour des enfants à l’école et à la garderie: une approche à risque, selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Nous reproduisons ci-dessous l’Avis de l’INSPQ

La grande majorité des enfants semblent peu ou pas symptomatiques lorsqu’ils sont infectés par le SARS-CoV-2. Dans ce contexte, il peut être tentant de retourner les enfants à l’école pour qu’ils acquièrent l’infection et développent une immunité qui protègerait la population adulte. Cependant, une telle approche est également à risque de provoquer une forte augmentation de la maladie dans la population adulte sans pour autant créer une immunité de groupe.

Les jeunes de moins de 20 ans représentent 20 % de la population québécoise. Même s’ils devenaient tous infectés grâce à un retour à l’école, le Québec serait loin d’avoir suffisamment d’individus immuns pour profiter d’une immunité de groupe. Par contre, il est certain que l’infection des enfants contribuerait à une transmission substantielle de la COVID-19 à leurs parents et aux autres adultes qui les entourent et pourrait ainsi entrainer un grand nombre d’hospitalisations sur une courte période avec un potentiel réel de dépassement de la capacité du réseau de la santé tant dans les grands centres urbains que dans les régions.

Même si les cas de COVID-19 âgés de moins de 70 ans ont un risque de décès moindre que ceux qui sont plus âgés, une proportion non négligeable développe une infection sévère nécessitant une admission aux soins intensifs et parfois en décèdent. Dans le contexte actuel de mesures de distanciation importantes, ces adultes de moins de 70 ans constituent actuellement 65 % des cas confirmés par laboratoire et environ 35 % des patients hospitalisés. Ces proportions pourraient augmenter si leurs enfants rapportent l’infection à la maison.

Ce risque de transmission aux adultes n’est pas théorique. En Europe, une étude sur les taux de contacts selon les groupes d’âge a montré qu’un enfant/ado de 0-18 ans a entre 5 et 10 contacts par jour avec des enfants/ados de 0- 18 ans et a aussi environ 5-6 contacts par jour avec des adultes de 18-60 ans. La majeure partie des contacts des enfants/ados sont à l'école et à la maison. Par ailleurs, comme une grande proportion d’enfants infectés resteront asymptomatiques, ces enfants ne se méfieront pas et continueront à avoir un grand nombre de contacts et à transmettre la maladie. Ces observations vont dans le même sens que les travaux de modélisation faits par le groupe de l’Imperial College au Royaume-Uni montrant qu’une stratégie visant l’obtention d’une immunité de groupe risque de causer un nombre massif d’hospitalisations et de décès. Finalement, il est important de rappeler qu’on ne connaît pour le moment ni le niveau de protection conféré par les anticorps produits par l’infection ni la durée de l’immunité générée par l’infection, deux facteurs qui ont des impacts directs sur l’atteinte d’une immunité de groupe. Immunité de groupe et retour des enfants à l’école et à la garderie.

Conclusion

Bien que la première vague de COVID-19 ait frappé très fort dans les régions de Montréal et Laval, il est plus que probable que la très vaste majorité de leurs habitants n’ont pas été infectés. Pour obtenir une immunité de groupe qui réduise le taux de reproduction à < 1, il faudrait que l’infection ait touché plus des deux tiers de la population. Dans le contexte où le Québec maintient de fortes mesures de distanciation sociale, la proportion de personnes immunes nécessaire à amener le R < 1 pourrait être un peu plus faible, mais elle restera vraisemblablement beaucoup plus élevée que celle que l’on obtiendrait en laissant la totalité des jeunes de moins de 20 ans devenir infectés et immuns.

Une stratégie où on laisserait les jeunes s’infecter risque d’entrainer une forte augmentation de la maladie chez les adultes et de besoins en services hospitaliers et en soins intensifs sans atteindre la cible d’immunité de groupe recherchée.

Dans le contexte actuel, pour empêcher que le retour à l’école ou à la garderie s’accompagne d’une recrudescence de la transmission chez les adultes, il faudra que ce retour se fasse tout en maintenant de fortes mesures de distanciation sociales.

Comité sur les mesures populationnelles

Créé en 1998, l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) est un centre d'expertise et de référence en matière de santé publique au Québec. Notre objectif est de faire progresser les connaissances et les compétences, de proposer des stratégies ainsi que des actions intersectorielles susceptibles d'améliorer l'état de santé et le bien-être de la population.

Ses experts, qui proviennent de domaines aussi distincts que les sciences appliquées, les sciences de la santé et les sciences sociales ou humaines travaillent de concert avec le réseau de la santé et les milieux de l'enseignement et de la recherche, afin de développer et mettre en commun les connaissances et les compétences en santé publique.

Sa mission est de soutenir le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, les autorités régionales de santé publique ainsi que les établissements dans l'exercice de leurs responsabilités, en rendant disponibles notre expertise et nos services spécialisés de laboratoire et de dépistage.

Source :

https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/covid/2983-immunite-groupe-covid19.pdf

Mise en ligne sur Tolerance.ca 29 avril 2020

 



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