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Pourquoi je ne me marierai pas

par , collaboratrice, engagée dans le cadre de nombreux projets d'étudiants de Tolerance.ca
À 20 ans, vous imaginez bien que je ne me suis jamais mariée et que je n’ai jamais cohabité avec mon « chum ». La seule expérience que je connaisse du mariage, c’est ce que j’observe dans ma famille, dans celle de mes amis et dans la société en tant que telle. Je ne peux pas dire que je suis fort impressionnée, ni par l’institution du mariage ni par l’amour, sentiment face auquel moi et plusieurs autres sommes désillusionnés aujourd’hui.

Le nombre de divorces ne fait qu’augmenter avec les années, à un tel point qu’après 25 ans de relation il est considéré comme étant normal. Parallèlement, le nombre de sites Internet et d’événements de rencontres allant en augmentant, il est rendu que même l’amour se magasine, au même degré qu’une maison : la personne doit être attirante, ne pas demeurer trop loin, avoir des centres d’intérêt concordant aux nôtres, etc. Vous me direz peut-être que cela permet des rencontres et que certains ont bel et bien trouvé l’amour de cette façon, mais avouez que cette facilité avec laquelle nous pouvons rencontrer du monde aujourd’hui rend plus difficile la tâche de vouloir se donner à une seule personne pour toute la vie. C’est une des raisons pour laquelle je ne pense pas me marier un jour, craignant un imminent divorce, les statistiques appuyant mes craintes.

De nos jours, la société québécoise est fort détachée de l’Église catholique, comparativement à autrefois. Même si pour certains il le demeure encore, pour la plupart, le mariage n’est plus une célébration religieuse mais bien l’union symbolique de deux personnes voulant officialiser leur amour. L’apparition du mariage civil avance bien, ce que je dis, d’ailleurs. Or, pourquoi avoir la nécessité d’officialiser un amour? C’est prouvé par Statistiques Canada, les couples québécois en union libre durent plus que les mariages au Canada. Je crois qu’aujourd’hui, en tant qu’individus plus égocentriques qu’auparavant, il est mieux de laisser deux personnes libres dans une relation qui leur convient plutôt que de les enfermer dans une relation dite officielle, à laquelle aujourd’hui la justice se mêle peut-être un peu trop : droit de la famille, impôt, pension alimentaire, patrimoine familial, etc.

Je sais aussi que plusieurs se marient pour le bien de leurs enfants. C’est d’ailleurs, pour 77% des Canadiens, une des raisons premières de leur union officielle. Je ne dis pas que ces gens sont dans le tort, par contre, je crois que la condition gagnante pour élever un enfant est une union saine, qu’elle soit officielle ou non.

On ne se mentira pas, le mariage, pour beaucoup d’entre nous,
renvoie à un rêve de petite fille…

Finalement, pour plusieurs filles que je côtoie, le mariage représente la plus belle preuve d’amour que leur conjoint puisse leur offrir. On ne se mentira pas, le mariage, pour beaucoup d’entre nous, renvoie à un rêve de petite fille, à ces films merveilleux qui finissaient toujours bien et dont la robe de l’actrice nous faisait rêver. Je suis d’accord, tout le monde à le droit de rêver et de vivre ce jour s’il fait partie de ses aspirations, néanmoins, la réalité et les statistiques m’ont pris d’assaut ces dernières années, détruisant la superbe idée à laquelle j’associais, plus jeune, le mariage. Pour moi, il n’a tout simplement plus de sens. À mon avis, les plus belles preuves d’amour que mon copain puisse me faire résident dans tous les petits sacrifices qu’il fait pour moi, plutôt que dans une belle bague qu’il peut m’offrir un jour et à laquelle il peut ne plus vouloir accorder de sens un autre jour.

Voici ce que Koriass, le chanteur québécois bien connu des adolescents et des jeunes adultes, dit à ce propos dans son succès « Everything fades » : « C’est rendu « fuck top» être en relation de nos jours, avec la montée de l’individualisme dans notre société moderne, tout le monde vit pour son petit nombril et prend soin de son petit confort. » J’ai souvent écouté cette chanson et l’ai toujours trouvée vraie. Pour la majorité des gens, aujourd’hui, le secret de la réussite d’un couple est la communication. Et, en effet, elle n’a jamais été aussi importante, parce que le couple n’est plus perçu comme un carcan mais plutôt comme deux individus ayant des intérêts parfois différents. Ils doivent négocier de nouvelles normes de comportement acceptables pour les deux entités, et cela occasionne souvent des conflits d’intérêts nuisant à la relation.

La loi sur le divorce est à mon avis une répercussion de cet individualisme. Je n’entends pas par cela que je suis contre le divorce, il est normalement favorable pour les deux individus lorsque le couple ne fonctionne plus bien. L’accroissement du divorce au fil des années en a convaincu plusieurs de ne pas se marier, puisque l’union libre permet aujourd’hui tous les avantages du mariage tout en permettant aux individus de conserver leurs biens et de ne pas être pris avec toute la paperasse et les complications que le divorce peut entraîner. Il faut croire que plusieurs sont de mon avis, puisque 35% des Québécois optent maintenant pour ce type d’union, ce qui fait de nous les champions mondiaux.

Que s’est-il passé pour que le pourcentage de séparations et de divorces, au sein des couples mariés et de ceux qui ne le sont pas, soit maintenant de près de 70%

Que s’est-il passé en près de quatre décennies pour que l’institution du mariage soit boudée, aujourd’hui, par plus de la moitié des Québécois? Que s’est-il passé pour que le pourcentage de séparations et de divorces, au sein des couples mariés et de ceux qui ne le sont pas, soit maintenant de près de 70% (1). Il faut croire que le schème de valeurs de la société a changé, privilégiant le bonheur individuel à court terme au détriment d’une relation de couple de longue durée.

Lorsque les Québécois ont pris la décision de se distancer de l’Église et de son institution, ils ont du même coup tourné le dos au système de valeurs qu’elle véhiculait. Aussi, de cette distanciation collective ont résulté d’autres phénomènes ralliant la société au grand complet, dont la Révolution tranquille, entre autres. L’émancipation de la femme qui en a indirectement découlé a permis à cette dernière d’être beaucoup plus indépendante quant à ses choix personnels et professionnels : elle ne prend plus le nom de son époux et n’est plus dépendante de ce dernier sur le plan financier.

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De cette révolution suivit une quête identitaire où de nombreux préceptes ont été mis en doute. Parmi eux, le mariage. En effet, à l’aube du 21e siècle, quelle utilité revêt-il? Les raisons qui poussaient les gens à se marier, il y a quelques dizaines d’années, ne sont plus valables dans la société évoluée dans laquelle nous vivons : les gens n’ont plus besoin de convoler en justes noces pour avoir des relations sexuelles, des enfants, ou encore un foyer stable hors de celui d’origine, et l’individualisme fait en sorte que les pressions familiales n’affectent plus la population dans ses décisions.

La société de consommation étant aussi apparue, je crois que les gens cherchent à tout posséder, à avoir le plus d’argent possible, ce qui nuit au mariage et le divorce étant de plus en plus présent, les gens craignent conséquemment de devoir subdiviser leurs biens si besoin est. Il est fort à parier que l’individualisme est apparu graduellement à mesure que cette société de consommation a pris de l’expansion.

L’individualisme roi

Si vous êtes mariés, peut-être que vous ne seriez pas d’accord avec mes propos. Pourtant, j’ai encore dans mon entourage des amis qui désirent se marier prochainement ou qui l’ont déjà fait, et lorsque je leur demande les raisons qui les ont poussés à le faire, tous s’accordent à me répondre la même chose : soit ils ont peur de la solitude soit ils veulent s’assurer la fidélité de leur conjoint(e) en rendant leur union officielle. Or, en 15 ans, le pourcentage d’infidèles a fait un bond de près de 10% ! De plus, il s’agit d’une façon de se protéger soi-même plutôt que le couple en tant que tel. Parce que lorsque deux personnes sont amoureuses, ont-elles vraiment besoin d’unir leurs destinées par le mariage? Je sais que certains d’entre vous ne partagent pas mon point de vue, peut-être même que vous êtes mariés et que vous vivez une histoire d’amour incroyable. Si c’est le cas, je vous invite fortement à réagir à ma chronique, les deux côtés de la médaille étant fort appréciable pour un lecteur et une chroniqueure.

(1) Les statistiques et les données ont été prises sur le site Internet de Statistiques Canada ou à partir de sondages menés par Léger Marketing.




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Nos instincts innés
par Pier3d le 6 novembre 2007

Bonjour Véronick, Tu es bien jeune. J'aimerais bien avoir de tes nouvelles dans 10 ans. Comme humains, nous sommes influencés par des instincts innés dont nous avons hérité de nos ancêtres animaux. Le plus fort de ces instincts est celui de reproduction. Et son moteur est la pulsion sexuelle qui agi à l'intérieur de nous de façon subtile, presque sournoise et pratiquement incontournable. Elle est comme une fée terriblement intelligente, rusée et puissante. Tu te feras prendre au moment où tu t'y attendras le moins. Ma grand-mère disait que « c'est plus fort que la police ». Dans les chansons on dit que « ça mène le monde ». Attention on se sert souvent du mot amour pour cela mais c'est en fait de la pulsion de reproduction dont on parle. Tout le reste, « amour », « mariage », « alliance familiale » ne sont que des couches de vernis que les humains ont appliquées sur la chose pour lui donner un aspect moins animal et donc, le croient-ils, plus humain. Nous sommes les enfants de gens qui ont fait des enfants et nous avons hérité de nos parents cette même programmation.
Reveille-toi !
par Richard Church le 16 octobre 2007

Seulement 20 ans et tu es déjà désillusionné avec l'amour, ainsi que l'institution du mariage ? Voyons donc, Véronick ! Es-tu autant cynique que ça ? Je te conseil de te trouver un nouveau cercle d'amis, parce que les tienne manquent d'intelligence et de caractère si les seuls raisons qu'ils donnent pour se marier sont pour éviter la solitude ou bien d’assurer la fidélité de leur conjoint(e). Tes amis sont d'une superficialité effroyable ! C’est bien curieux que mes amis, chère Véronick, se sont marié parce qu’ils croient dans l’institution du mariage… pour eux, comme moi, le voeux de mariage est quelque chose de sacré. Je suis attristé et scandalisé du fait que tu considère notre société plus évoluée maintenant que l’accent est sur la consommation et d’individualisme. Pour ma part, je considère ça ignoble et dégénéré de voir, par exemple, des hommes dans leurs trentaines camper à l’extérieur d’un magasin d’électroniques pour s’acheter le tout dernier console de jeux de vidéo.
PRobleme modial
par mohamed a. le 10 octobre 2007

Dans tous les pays du monde,le taux de divorce est en augmentation constance.les problemes qui en decoulent ne sont pas a nier.au Maroc,beaucoup de couples jeunes se fissurent a cause du non respect mutuel entre les conjoints,les problemes materiels....;mais je pense que la principale cause,c'est la periode qui precede le mariage,quand chaque fiancé tente de faire croire a l'autre ses idealismes surrealistes,ses dits principes,ses pensees;et ce avec trop de mensonges,qui se dissipent rapidement durant les 1ers jours du mariage.ce qui manque c'est la franchise,e respect de ses engagements,au lieu de poemes lyriques superstitieux.
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