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La Guinée court le risque d'une guerre civile

Dakar/Bruxelles - S’il n’est pas mis rapidement fin au régime militaire en Guinée, le pays risque de s’enfoncer dans une guerre civile qui pourrait déstabiliser toute l’Afrique de l’Ouest. 

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Guinée : pour en finir avec le pouvoir militaire, le dernier briefing de l’International Crisis Group, examine les événements du 28 septembre – au cours desquels les forces de sécurité ont tué au moins 160 personnes dans un acte de répression contre l’opposition au régime militaire – et les implications pour la stabilité du pays et de la sous-région. Le briefing fait état de dangereuses divisions au sein de l’armée et de signes que plusieurs membres de la junte entraînent des milices ethniques, prévient que les Guinéens ne tolèreront pas le maintien de l’armée au pouvoir et appelle à la fin du régime militaire et à une relance du processus de transition démocratique.

« La patience de la population vis-à-vis de la junte s’amenuise », déclare Richard Moncrieff, directeur du projet Afrique de l’Ouest de Crisis Group. « Les Guinéens attendent désespérément un changement démocratique et la fin des difficultés économiques, tandis que les forces de sécurité sont prêtes à tuer pour rester au pouvoir. Il est fort probable que les troubles se multiplient à moins que les communautés internationale et nationale ne décident d’exercer une pression commune pour forcer la junte à quitter le pouvoir».

La junte, le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), a pris le pouvoir en décembre 2008 après le décès de l’autocrate au long règne, Lansana Conté. Depuis lors, elle a progressivement renforcé son emprise sur le pouvoir en dépit d’une opposition croissante. Les événements tragiques du 28 septembre, qui ont inclus de nombreux sévices sexuels contre des femmes, sont intervenus après une rupture du dialogue sur le processus de transition démocratique et la multiplication de signes que le chef de la junte, Dadis Camara, a l’intention de se présenter aux élections présidentielles de janvier 2010, en violation de l’engagement que lui-même et les autres membres de la junte ont pris au début de l’année.

La junte doit renoncer à tout projet de participer aux élections de quelque manière que ce soit. Elle doit céder la place à un gouvernement civil de transition qui inclue une large représentation des Forces Vives – le groupe de coordination des partis d’opposition et de la société civile – et accepter l’offre de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de servir de médiateur dans les négociations qui permettront son départ du pouvoir.

La CEDEAO, qui a nommé le président du Burkina Faso Blaise Compaoré comme médiateur, devrait envisager l’envoi d’une mission militaire exploratoire pour déterminer les mesures à prendre pour stabiliser le pays. Le Secrétaire général des Nations unies devrait immédiatement envoyer sur place le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires pour entamer une enquête criminelle sur le massacre du 28 septembre. Si la junte s’obstine, la communauté internationale doit l’isoler en imposant des sanctions ciblées contre les membres du CNDD et leurs soutiens-clés. Elle devrait également préparer, avec la CEDEAO, une intervention militaire régionale rapide au cas où la situation se détériorerait.

« Il est urgent de mettre au point une stratégie de départ pour la junte », déclare François Grignon, le directeur du programme Afrique de Crisis Group. « Si les Forces Vives et la communauté internationale ne font pas des efforts immédiats et concertés pour soustraire le processus de transition aux militaires, de nouvelles violences menacent d’abord la Guinée puis son voisinage, qui commence tout juste à se remettre de longues guerres civiles ».
© Crisis International -
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