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Les élections libanaises. Les puissances étrangères devraient reconnaitre la légitimité des résultats

Beyrouth/Bruxelles - Le défi des élections libanaises du 7 juin sera de rallier les vainqueurs et les perdants afin d’éviter le déclenchement d’un nouveau cycle vicieux de confrontation sans issues. 

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Les élections libanaises : éviter un nouveau cycle de confrontation,* le dernier rapport de l’International Crisis Group, tient à prévenir que les sondages risquent de donner de faux espoirs. Le vote ravivera des contentieux qu’il ne peut résoudre. Que ce soit l’alliance dominée par le Hizbollah ou la coalition pro-occidentale qui l’emporte, la formation d’un gouvernement viable risque d’être difficile à réaliser et exigera des compromis de la part de tous.

« Le fait que les parties se soient entendues pour déplacer le conflit de la rue aux urnes est une bonne chose, mais on ne devrait pas mal l’interpréter », recommande Peter Harling, directeur du projet libanais au sein de l’International Crisis Group. « Les résultats seront presque assurément très serrés et cela reproduira une dichotomie clivant la scène politique en deux camps irréconciliables ».

A l’approche des élections, les lignes de combats s’endurcissent. Les campagnes, essentiellement négatives, sont basées sur des dénonciations agressives des adversaires et ce, au détriment d’une exposition claire de leur programme politique. Les arguments sectaires et communautaires, tenus à l’écart pendant un moment, ont ostensiblement refaits surface, ravivant même les douloureux souvenirs de la guerre civile. La radicalisation des positions dans les deux camps présage d’âpres négociations en vue d’un compromis.

En prenant partie de plus en plus ouvertement pour leurs alliés respectifs, les acteurs externes contribuent à cette polarisation. Le consensus international plaidant pour des élections pacifiques et légitimes pourrait bien prendre fin une fois les votations terminées. Là, le jeu qui consiste à soutenir un côté et isoler l’autre resurgira. A travers ce scénario, qui se profile comme étant le plus probable, la confrontation ne prendra pas fin mais continuera par d’autres moyens.

Le principe d’un cabinet aux mains de la seule majorité parlementaire n’est ni réaliste ni souhaitable. En cas de défaite électorale, le Hizbollah et ses alliés ont démontré par le passé qu’ils disposaient de puissants moyens de blocages. S’ils gagnent, à l’inverse, ils feront tout pour éviter de reproduire le modèle du Hamas, jouissant d’un pouvoir inutilisable parce que placés aux bans de la communauté internationale. Le président de la République, Michel Sleimane, n’a aucun intérêt à un gouvernement unilatéral qui annulerait sa qualité d’arbitre, source principale de son autorité déjà limitée. Par conséquent, quelle que soit l’issue des tractations postélectorales, le mieux que l’on puisse espérer est d’éviter une nouvelle confrontation violente – même au prix d’une paralysie politique et de la reconduction de conflits sous-jacents.

« Ce qui importe beaucoup sera l’attitude des puissances étrangères dont les alliés locaux sont prompts à reconnaître que le conflit interne libanais ne peut être résolu que s’ils parviennent à un accord » affirme Robert Malley, directeur pour le Moyen Orient à l’International Crisis Group. « Il leur incombe de ne pas reproduire les errements du passé, de reconnaitre la légitimité des résultats et d’encourager leurs alliés au compromis ».

4 juin 2009


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