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320 M$ à l'éducation postsecondaire : une opération de séduction ?

par , collaboratrice, engagée dans le cadre de nombreux projets d'étudiants de Tolerance.ca
Le ministre de l’Éducation du Québec, Jean-Marc Fournier, a annoncé que le gouvernement québécois verserait aux universités et aux cégeps un total de 320 M$ pour combler leur déficit. Or, comme l’engagement est échelonné sur trois ans, si le Parti libéral ne l’emporte pas aux prochaines élections, ce ne sera que 90 M$ qui leur seront alloués, soit moins de 4% des besoins formulés par les institutions postsecondaires. Une bonne nouvelle, certes, mais à qui sera-t-elle le plus profitable?

C’est le 8 août dernier, à plus ou moins une demi-année des prochaines élections, que le ministre de l’Éducation Jean-Marc Fournier a annoncé lors d’un point de presse que le gouvernement investirait 80 M$ au niveau collégial et 240 M$ au niveau universitaire d’ici l’année 2009. « Nous respectons nos engagements électoraux. Cela démontre nos priorités, qui sont la santé et l’éducation », a indiqué ce dernier lors de ce même point de presse. Pour les dirigeants des universités, cette annonce est la bienvenue. Pour les étudiants, elle est un peu trop tardive et elle coïncide étrangement avec la fin du mandat du gouvernement Charest.

Réactions partagées

Plus précisément, ce sont 90 M$ dès cette année, 90 M$ l’an prochain et 60 M$ pour l’année scolaire 2008-2009 qui seront investis dans les universités. À la direction de l’Université Laval, on se réjouit de cette nouvelle. « Cette annonce est bienvenue. Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, qui apportera un baume sur notre situation difficile », commente Claude Godbout, vice-recteur exécutif. 

Du côté de la Confédération des associations d’étudiants et d’étudiantes de l’Université Laval (CADEUL), on qualifie ironiquement l’effort budgétaire du gouvernement en place de « baume sur une plaie ouverte après trois ans d’hémorragie ». Selon Nicolas Fontaine, président de la CADEUL, « Que toutes les universités soient déficitaires cette année et que la dette globale du réseau avoisine les 300 $M démontre que le gouvernement libéral a trop tardé avant de réinvestir. Aussi, le financement récurrent annoncé par Québec de seulement 60 $M ne permettra pas de rattraper la moyenne canadienne ».

Quant aux cégeps, ils toucheront 30 $M cette année, la même somme l’an prochain et 20 $M en 2008-2009. À la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), on est aussi insatisfait du montant annoncé. « On s’attendait à plus. Les besoins sont là », a souligné Étienne Hudon-Gagnon, membre de la FECQ.

Opération de séduction? 



Cette annonce coïncide avec les accusations du Parti québécois, à quelques mois des élections générales, comme quoi le gouvernement libéral néglige le secteur de l’éducation. La réplique du ministre Fournier ne s’est pas fait attendre : « M. Boisclair est jaloux de nos actions, a-t-il déclaré aux journalistes. Il devrait plutôt être gêné de leur inaction du temps qu’ils étaient au pouvoir. Il devrait s’excuser ». Il prétend aussi que le gouvernement péquiste n’a augmenté les budgets universitaires que de 100 M$ en neuf ans, alors que les libéraux ont augmenté ces budgets de 535 M$.

Le porte-parole péquiste dans les dossiers de l’éducation, Camil Bouchard, a pour sa part pris la défense de son parti et a qualifié cette nouvelle « d’opération politique de séduction et d’opportunisme électoral ». Il a aussi mis en relief le fait que le gouvernement annonce l’octroi d’argent qu’il n’a pas encore.

Le déficit demeure

La somme annoncée représente 13% des besoins formulés par les universités, qui réclamaient 375 M$ supplémentaires par année, et des cégeps, qui pour leur part exigeaient 240 M$ de plus annuellement. Même s’il s’agit d’un bon coup de main, le problème n’est donc définitivement pas résolu.

De plus, ce ne sont pas toutes les universités qui peuvent jouir équitablement du support gouvernemental, ce qui crée davantage de problématiques dans le milieu. « Notre institution est la plus désavantagée de toutes les universités au plan du financement gouvernemental, ce qui nous prive de 11 M$ par année depuis 6 ans. Il est grand temps que cette situation équitable soit réglée », souhaite M. Godbout de l’Université Laval.

Pierre Moreau, de l’Université du Québec, espère aussi que la situation ira en s’améliorant au cours des prochaines années, puisque la province doit intervenir stratégiquement pour qu’elle demeure compétitive dans un monde de plus en plus ouvert à l’économie du savoir. « Pour le Québec, c’est le savoir qui garantira le mieux notre développement économique et social », conclut-il.


Véronick Talbot est étudiante. Elle signera une série d’articles dans Tolerance.ca® dans le cadre du projet Campus sur la Diversité des valeurs et des croyances religieuses dans les milieux collégial et universitaire, réalisé grâce à la contribution financière de : 




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