M. Victor Teboul,
Ce qu’il y a de pathétique et provocateur dans votre billet, qui incite à la réplique, c’est cette habitude que vous avez, vous et les moralistes qui ne pouvez pas cacher votre partialité dans cette saga du boycott étudiant.
Vous titrez (Québec. Les étudiants et le salut nazi )
Sans perdre un instant vous collez volontairement, au sujet initial de votre billet, la loi spéciale 78.
Je vous cite :« Ne faudrait-il pas demander au B’nai Brith, organisme qui s’occupe si bien des droits, pourquoi il ne s’est pas prononcé sur cette loi ? ». Pourquoi cette organisme devrait-il se prononcer sur cette loi spéciale 78 ? Pour qui vous prenez-vous pour une telle exigence moraliste ?
Les faux-cul moralistes se sont prononcés précipitamment sur des prétendues violations de droits fondamentaux en lien avec la loi spéciale 78. Les droits fondamentaux existent pour ceux qui cautionnent cette loi spéciale 78, comme pour ceux qui en prétendent l’illégitimité. Cette même loi spéciale 78, fait présentement l’objet d’une requête en sursis de certaines dispositions de son contenu, en Cour Supérieur. Pour toute personne qui a un minimum de rigueur de jugement, serait-il plus rationnel de laisser la Cour Supérieur se prononcer sur cette requête en sursis?
Pour ce qui est du sujet de votre billet, vous omettez de mentionner que des pamphlets contre les policiers arborant des croix gammées ont également été distribués. Nous sommes en présence du, message à caractère haineux, punissable par la loi.
M. David Ouellette, porte-parole du ( Centre consultatif des relations juives et israéliennes ) :« … cela relève plutôt d'un manque de connaissance de l'histoire et surtout de la rhétorique exagérée et hyperbolique qui caractérise ce conflit depuis plusieurs mois ».
La Cl(assé) et la FEUQ, en ont d’ailleurs signifier à l’organisme leur inconfort en lien avec l’événement durant certaines manifestations. Si on est inconfortable avec l’événement, c’est qu’on considère que ce n’est pas banal. Voir actualités.ca msn.com
http://actualites.ca.msn.com/grands-titres/manifestations-%c3%a9tudiantes%c2%a0-le-salut-nazi-doit-cesser-disent-des-groupes-juifs
Sans rancune, vous motivez mes convictions.
Réponse de Victor Teboul
Monsieur (ou madame ?) qui signez d’un pseudonyme,
Ce qui est pathétique et provocateur, ce sont les porte-parole d’organismes officiels et ceux qui répètent leurs propos, tout aussi officiels, sans faire preuve le moindrement d’une réflexion ni d’une pensée personnelle. Et ce qui est moraliste, ce sont plutôt les donneurs de leçons, qui se permettent de faire la morale à des jeunes en brandissant immanquablement le spectre du génocide et de la victimisation pour éviter et empêcher toute critique à leur endroit.
Ceux et celles qui ont souffert auraient donc la bonne conscience et la bonne morale de leur côté et exigeraient qu’on s’excuse et qu’on leur demande pardon en toutes occasions. Ce que les leaders étudiants, pour empêcher des dérives de part et d’autre, se sont empressés de faire. Et je les comprends.
On se souviendra comment, il y a quelques années, ces mêmes organismes avaient réussi à faire condamner unanimement par l’Assemblée nationale du Québec, M. Yves Michaud – alors candidat à une mise en nomination du Parti québécois - , pour des propos maladroits qu’il avait tenus, condamnation que plusieurs députés qui avaient pourtant voté en faveur de cette motion ont plus tard regrettée et, parmi ces derniers, l’ancien premier ministre du Québec, M. Bernard Landry.
Comme votre réaction l’illustre assez bien, vous ne souffrez aucune critique à l’égard des milieux que vous défendez et cela dessert autant la société démocratique dont pourtant vous vous servez assez bien, si l’on tient compte des nombreux et immédiats échos médiatiques qu’ont eus les organismes que vous citez.
Mais n’a-t-on pas le droit de voir le monde d’un autre œil et de critiquer cette vision victimaire des choses que propagent les porte-parole et qui dénature les véritables caractéristiques d’une communauté dont on souhaiterait une participation plus active au sein d’une société à laquelle pourtant elle appartient ?
À vivre à l’écart d’une société et à n’avoir qu’une seule corde à son arc – la défense des mêmes thèmes – n’est-ce pas aller à l’encontre des préceptes du Judaïsme et, pour quiconque connaît la société israélienne, aller à l’encontre même de l’esprit critique et pluraliste qui caractérise cette dernière ?
Pour des organismes qui défendent des droits – le droit à Israël d’exister, le droit de vivre librement sans avoir à être victime de discrimination – ne doit-on pas s’attendre de leur part qu’ils se préoccupent également des conditions de vie de leurs concitoyens, en l’occurrence ici des jeunes, au lieu de les culpabiliser en singularisant le salut nazi de certains d’entre eux, salut, encore une fois, qui visait à caractériser, selon les jeunes, le comportement des policiers ?
Compte tenu du silence de ces organismes, de leurs représentants et de bon nombre d’intellectuels issus du même milieu dans le conflit actuel opposant les étudiants au gouvernement, un silence qui s’applique d’ailleurs à tous les grands débats de la société québécoise, n’est-on pas en droit de poser la question suivante : ne faudrait-il pas songer à inviter ces organismes et ces représentants à se montrer sensibles aux inégalités existant au sein de la société québécoise et à s’y impliquer en dépassant les critères d’appartenance exclusivement ethniques et religieux ?
C’est en tout cas, pour ma part, le véritable sens que j’attribue au mot «communauté», à fortiori lorsque je pense à la communauté juive à laquelle, d’ailleurs, j’appartiens.
Victor Teboul
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