Il fut renommé Peisithanatos (Πεισιθάνατος) "Celui qui pousse à la mort". La légende atteste que quand Hégésias de Cyrène (né 290 av. J.-C.; date de mort inconnue) enseignait à Alexandrie, à ses étudiants de se donner la mort, les uns après les autres, convaincus que la vie ne valait rien, que la mort était préférable, qu’il valait mieux sortir au plus vite de cette galère qu’on appelle « vie ». La force de persuasion (et de séduction) du philosophe, de même que son art oratoire, devait être hors pair, extraordinaire. S’ajoute qu’il lui fut interdit d’enseigner et que c’est dans son Cyrène natal (car il fut expulsé d’Alexandrie) qu'il mourra.
Que la vie ne vaille rien, que la mort soit préférable, qu'il est mieux de n'être jamais né (1), qu'il est mieux d'en finir avec la vie au plus vite, c’est à présent antienne qu’impose l’idéologie euthanasique contemporaine. Aujourd’hui comme hier, « la vie doit être optimale » et si « non optimal » c’est le temps pour en finir au plus vite ! Triomphe à présent l'idéologie vantant qu’il vaut mieux sortir de la vie quand tu es sur le « top », quand la « vie » se conjugue aux « bénéfices » et avant que s’annonce les « préjudices ». Pour comprendre notre ère euthanasique, quoi de mieux qu’examiner ce que Hégésias de Cyrène nous a légué, philosophiquement et culturellement, quant à l’idéologie euthanasique, quant à la mentalité euthanasique !
Le Peisithanatos, son temps, son monde.
Pour situer notre réflexion, introduisons quelques informations succinctes sur Hégésias de Cyrène et sur sa philosophie. Et là, nous entrons dans le monde hellénique après la mort d’Alexandre le Grand (336 – 323 av. J.-C.). Dans un monde incontestablement cosmopolite et bien différent des divisions et fermetures qui s’établirent par la suite. Hégésias était de Cyrène (aujourd’hui la région sud de Libye). L’ancienne république de la Cyrénaïque avait à cette époque été intégrée au Royaume lagide avec l'Alexandrie (aujourd’hui en Égypte) comme capitale. Les langues d’usages étaient le grec, le copte (égyptien) et le tamazight (berbère). L’Empire des ptolémaïques englobait les pays identifiés, aujourd’hui, par le Maghreb et le Machrek, de même que plusieurs « pays » helléniques (aujourd’hui situé en Turquie).
C’était une thalassocratie et autant la ville Cyrène, où est né et mort Hégésias, qu’Alexandrie, où il enseignait, étaient des carrefours maritimes, commerciaux et humains. C’était un royaume centré sur la Méditerranée qui vibrait au rythme des échanges humains, économiques, culturels et philosophiques. La façon dont s’établissait l’antique Bibliothèque d’Alexandrie par une politique consistant à acheter, confisquer, copier tout livre, tout manuscrit, tout texte, sur lesquels on pouvait mettre la main dessus, illustre une culture d’ouverture et soif d'acquérir des connaissances, de même qu’une culture en soi très tolérante.
Hégésias de Cyrène, affirme que Diogène Laërce, a été le disciple de Paraebates et le condisciple d'Anniceris et de Menedemus d’Eretria (2). L’école cyrénéenne de philosophie, qu’on regroupe habituellement dans le courant post-socratique, reprendra hardiment le développement de l’eudémonisme de Socrate. L’eudémonisme enseigne que le but et le sens d’une action, de même que de la vie, c’est d’atteindre le bonheur individuel (l’ajout du bonheur « collectif » découle d’un développement postérieur et se résume le plus pertinemment dans l’utilitarisme benthamien). L’école cyrénéenne de philosophie cherchait à préciser et à approfondir le sens qui pouvait être attribué au bonheur individuel et Hégésias radicalisait et bousculait ces contributions. Mais, que nous raconte l’antiquité concernant Hégésias ?
Cicéron sur le Peisithanatos
Prêtons d’abord l’oreille à l'illustre Marcus Tullius Cicéron (106 av. J.-C. - 43 av. J.-C.), le juriste-philosophe, que nous présente Hégésias de Cyrène de la façon suivante :
« Par où la mort nous afflige, nous met au désespoir, c’est que dans ce moment nous quittons les biens de cette vie. Peut-être, si vous disiez ses misères, parleriez-vous plus juste. À quoi bon déplorer ici la destinée des hommes ? Je n'en aurais que trop de sujet. Mais puisqu’ici mon but est de prouver qu'après la mort nous n'aurons plus à souffrir, pourquoi rendre cette vie plus fâcheuse encore par le récit des souffrances qui l'accompagnent ? Je les ai décrites dans ce livre, où j'ai cherché à me donner autant que j'en étais capable, quelque consolation. La vérité, si nous voulons en convenir, est que la mort nous enlève, non pas des biens, mais des maux. Hégésias le prouvait si éloquemment, que le roi Ptolémée, dit-on, lui défendit de traiter cette matière, dans ses leçons publiques, à cause que plusieurs de ses auditeurs se donnaient la mort. Nous avons une épigramme de Callimaque (3) sur Cléombrote d'Ambracie, qui, sans avoir d'ailleurs aucun sujet de chagrin, se précipita dans la mer, après avoir lu le Phédon (4). Et cet Hégésias, que je viens de vous citer, a composé un livre où il fait parler un homme déterminé à se laisser mourir de faim : les amis de cet homme tâchent de l'en dissuader : lui, pour toute réponse, il leur détaille les peines de cette vie. Je ne dirai point, à l'exemple de ce philosophe, que la vie soit onéreuse, généralement à tout homme sans exception. Je ne parle pas des autres. Pour ce qui est de moi, si j'étais mort avant que d'avoir perdu, et secours domestiques, et fonctions du barreau, et toutes dignités, n'est-il pas vrai que la mort, loin de m'arracher des biens, m'eût fait prévenir des maux ? » (5).
Le livre (perdu) de Hégésias de Cyrène, dont Cicéron fait référence, était intitulé « Mort par famine » (ἀποκαρτερῶν) et faisait référence à la méthode de se laisser mourir par l’abstinence de toute alimentation et hydratation. C’est encore aujourd’hui la méthode privilégiée des aînés pour couper les attaches à la vie. La mort nous enlève tous les maux, surtout les maux de vivre ! Et mourir de faim c’est simple, on s’en dort et c’est tout !
Diogène Laërce sur le Peisithanatos
Adressons-nous ensuite à Diogène Laërce (début du 3e siècle av. J.-C.) et son livre « Vies et doctrines des philosophes illustres », qui est plus précis sur le sens de l’hégélianisme :
« Pour les hégésiaques, comme pour les cyrénaïques, il n’y a que deux principes d’action, le plaisir et la douleur. La reconnaissance, l’amitié, la bienveillance n’ont aucune valeur propre ; nous ne recherchons pas ces sentiments pour eux-mêmes, mais en vue de l’utilité, et, l’utilité cessant, ils s’évanouissent. Le bonheur parfait est impossible ; car le corps est sujet à mille maux, l’âme ressent toutes les douleurs du corps, indépendamment de ses propres agitations ; la fortune trompe souvent nos espérances ; autant de causes qui nous empêchent d’arriver au bonheur. La mort n’est pas moins désirable que la vie. Rien n’est agréable ni désagréable en soi ; car la rareté des choses, leurs nouveautés, la satiété, les rendent agréables aux uns, désagréables aux autres. La pauvreté n’a rien à envier à la richesse sous le rapport du plaisir ; car le riche ne le ressent pas autrement que le pauvre ; la liberté ou l’esclavage, une naissance illustre ou vulgaire, la gloire ou l’obscurité sont également indifférents. Pour la multitude ignorante, la vie est un bien ; le sage n’y attache aucun prix. Le sage, en toutes choses, n’a en vue que lui-même ; car il se regarde comme supérieur à tous les autres hommes, et les biens qu’il peut en recevoir, quelque grands qu’ils soient, ne valent pas ce qu’il donne en retour. Les sens ne donnent pas la certitude. » (6)
Les mots clefs de l’hégélianisme se résument dans l’affirmation que : « La mort n’est pas moins désirable que la vie ». En clair, la vie et la mort sont interchangeables et surtout soumises à l’évaluation, à savoir si le préjudice de vivre ne devance pas le bénéfice de vivre. S’évalue de façon semblable si la mort n’englobe aucun « préjudice » quant au vivre et s’évalue notamment le bénéfice que provient d’être libéré de tout préjudice dû à la vie. La mort peut en fait se révéler la plus désirable (le préférable) face aux multiples préjudices qu’inflige la vie. Comme chacun le sait, à tout moment, dès la naissance jusqu’au dernier souffle, la vie se révèle rapidement être pareil à une pluie de tuiles qui nous tombe sur la tête. À notre misère ! Le vrai bonheur ne peut jamais être vraiment atteint qu’au risque de succomber à une illusion chimérique. Quant au sage, l’illusion de « vrai bonheur » le laisse froid.
Eudémonisme contre « hégésianisme ».
Pourquoi la mort est-elle préférable à la vie ? Examinons la façon dont Hégésias radicalise l’eudémonisme antique en nous servant de l’opposition entre l’eudémonisme d’Aristote et l'hégélianisme.
Selon Aristote, l’individu éthiquement capable est toujours heureux, quelles que soient les choses horribles auxquelles il est exposé (7). La raison, c’est qu’Aristote loge la question de bonheur et de malheur dans le « caractère de l’individu », dans « l’arete ». Les compétences éthiques individuelles (aretal) se comprends à partir des modes de relation, conforme à la raison, avec le monde, le cité et l’autrui.
L’analyse aristotélicienne force à distinguer entre le malheur et le bonheur, l’effet ressenti différemment par chaque individu. Le plus grand bonheur pour l'homme consiste à utiliser sa capacité spécifiquement humaine, à savoir la disposition de connaître. Sa réalisation s'accompagne de désir, en d'autres termes, l'éthique humaine n'est rien de plus qu'une clarification des possibilités de développement particulières propre à l'humain. C’est ce qui se révèle dans (et par) l’examen de la vie dans la cité, où s’observe que tout bien est bon pour quelque chose, bon par rapport à un but. L'art de la médecine est un bien par rapport à la santé, l'économie est un moyen d'atteindre la prospérité, etc. Aristote n’a donc aucune peine à attester que le bonheur s’affirme dans une activité morale et rationnelle, une « capabilité » en tant que liberté substantielle d’un individu. Aujourd’hui, nous retrouvons l’idée de « capabilité » dans la théorie de justice d’Amartya Sen (8).
Rien de tel chez Hégésias de Cyrène ! Tout d’abord, il rejette que le bonheur constitue véritablement un objectif au motif que ce dernier n’était identifiable à rien de concret. Tous les biens extérieurs (la richesse, l’honneur, l'amitié, la beauté, la magnificence) seraient à rejeter n'étant pas de véritables sources de plaisir. Ensuite, il «subjectivise », en insistant que le seul objectif que peut défendre le sage doit être de se libérer des inconvénients, des illusions, et que le bonheur se constate (ou non) sur le niveau d’un plaisir physique simple. Le bonheur c’est un bien du corps, de la chair, du système nerveux et de la « satisfaction » (9). Le bonheur se signale par une sentie, une sensation, qu’enregistre le corps. Ce qui confirme que le sage est seul dans son empire !
Nous l’avons constaté chez Diogène Laërce, que pour Hégésias il : « n’y a que deux principes d’action, le plaisir et la douleur », que « le corps est sujet à mille maux », que « l’âme ressent toutes les douleurs du corps, indépendamment de ses propres agitations », car l’hégélianisme s’aligne sur un hédonisme absolu, un eudémonisme charnel et sensuel où le plaisir de la chair est « tout », où le bonheur se situe dans le plaisir de la chair. Le plaisir de la chair, c’est l’objectif ultime de bonheur. Il découle que la mort (comme la vie) n’est qu’une valeur euthanasique à décider suivant le calcul de plaisir et de peine.
La valeur euthanasique de la mort
Chaque individu se suffit à lui-même, le sage ne doit s'occuper que de lui-même ! Pour Hégésias, vivre ou le non-vivre, le plaisir ou le non-plaisir, n’est guère autre qu’une situation où le sage s’occupe de lui-même – et de rien d’autre. En s’occupant de soi-même, la vie ou la mort ne se résume qu’à une question de désir où il constate que l’avantage que possède la mort, c’est de nous enlever tous les tracas qui viennent avec le fait de vivre. Hégésias arrive à la conclusion que la vie n’est en aucune façon plus désirable que la mort et que la mort peut être plus désirable que la vie. Pour convaincre, Hégésias n’avait qu’à ajouter tout ce que nous savons sur la misère humaine.
Vie ou mort ! Une question de choix, donc de calcul ! Un calcul à faire, une conclusion à tirer. Un calcul où se retrouve d'un côté les bénéfices et de l’autre les préjudices, pareils à une transaction commerciale où se calcule le rendement, le profit versus la perte. Le choix entre rester en vie ou « entrer en mort », il faut le peser, le compter, pour savoir le résultat, savoir si l’une option est meilleure que l’autre. La vie ou la mort en dépend !
Quand le calcul de l’individu bascule vers la mort, qui d’autre que Friedrich Nietzsche pour nous aider à mettre des mots sur notre ère euthanasique :
« Arrivé à un certain état, il est inconvenant de vivre plus longtemps. L’obstination à végéter lâchement, esclave des médecins et des pratiques médicales, après que l’on a perdu le sens de la vie, le droit à la vie, devrait entraîner, de la part de la Société, un mépris profond. Les médecins, de leur côté, seraient chargés d’être les intermédiaires de ce mépris, — ils ne feraient plus d’ordonnances, mais apporteraient chaque jour à leurs malades une nouvelle dose de dégoût… Créer une nouvelle responsabilité, celle du médecin, pour tous les cas où le plus haut intérêt de la vie, de la vie ascendante, exige que l’on écarte et que l’on refoule sans pitié la vie dégénérescente — par exemple en faveur du droit de vivre… Mourir fièrement lorsqu’il n’est plus possible de vivre fièrement. La mort choisie librement, la mort en temps voulu, avec lucidité et d’un cœur joyeux, (…..). Il s’agit ici, en dépit de toutes les lâchetés du préjugé, de rétablir l’appréciation exacte, c’est-à-dire physiologique, de ce que l’on appelle la mort naturelle : cette mort qui, en définitive, n’est point naturelle, mais réellement un suicide. On ne périt jamais par un autre que par soi-même. Cependant, la mort dans les conditions les plus méprisables, c’est une mort qui n’est pas libre, qui ne vient pas en temps voulu, une mort de lâche. (….) Le fait de se supprimer est un acte estimable entre tous : on en acquiert presque le droit de vivre… » (10)
Bien dit ! En plein dans le mille ! Les mots : « végéter lâchement », « esclave des médecins », « le sens perdu de la vie », « mépris », « dose de dégoût », « la vie ascendante », « la vie dégénérescente », « les lâchetés du préjugé », « une mort de lâche », sonnent dans nos oreilles. Ce sont aujourd’hui les mots à la mode, les mots qu’il convient de prononcer, les mots qu’il faut utiliser, et surtout l’affirmation que « le fait de se supprimer est un acte estimable entre tous ». Mieux rester « jeune » que de rester dans un tel bourbier.
Que vivent « les jeunes » !
Face à notre monde euthanasique, il n’y a rien à faire à l’exception d’être « jeune » ! Sans être « jeune », vous n’êtes rien ! Et bon à rien ! C’est être jeune ou ne pas être ! Autant les boomers que les post-boomers ne souhaitent à présent que cette chose. Être « jeune » et l’être longtemps, éternellement, pour à la fin disparaître par un tour de volatilisation en fumée bleue !
L’individu contemporain a peur, peur de veiller, peur du déclin dû à l’âge, peur de ne pas être au top ! Tout ce qu’il souhaite, c’est d’exhausser son angoisse, d’éloigner le vide existentiel qui le gruge et de tout faire disparaître dans sa négation. L’individu d’aujourd’hui cultive de préférence la croyance (et l’attachement) à la « jeunesse » et se fige dans l’auto-illusion d’une « adolescence perpétuelle ».
Dans notre société « adolescentrique », qui a envie qu’une aventure « adolescentrique » prolongée finisse en vieux et en vieille ? Tromper la vieillesse c’est tromper la mort, voilà l’ère euthanasique ! Durant « la vie », il s’agit énergiquement de refouler tout signe (et toute parole) évoquant « les préjudices de vivre ». Avec vigueur, faut-il voiler, dissimuler, nier, des souffrances, des maladies, des déceptions, des misères, des trahisons et la mort ?
Si « les préjudices de vivre » attendent tout humain, nonobstant ses rêves imaginaires, il faut neutraliser l’idée de la mort au niveau du « corps », pour toujours se confirmer jeune et acteur d’une vie remplie de divertissements, de plaisirs, de jeux, le tout dans une logique d’adolescence perpétuelle. D’un côté, l’état d’adolescence et le plaisir du consommateur avide. De l’autre côté, le refus de la réalité, de la vie, et, en somme, le rejet d’envisager la mort comme un élément de notre condition humaine. Au son d’une telle mélodie, il faut refuser la vie pour rester « jeune ».
Peut-être que Hégésias avait raison !
Peut-être faut-il accepter que Hégésias de Cyrène ait raison : mieux être mort qu’en vie ! Combien de misère faut-il endurer avant de se rendre à une telle raison ? L’esprit du temps nous pousse à accepter que la vie soit « un préjudice » (d’où la nécessité de rester « jeune ») et que l’heureux soit celui qui est mort (sans n'avoir rien dû débourser pour les « bénéfices » d’une vie !).
Ou peut-être que non ! Que peut-être, contre Hégésias, la vie se paie-t-elle par des « préjudices » ? Peut-être que nous faisons fausse route, comme Narcisse (11) qui regardait obstinément dans le miroitement du lac pour contempler sa beauté, sa splendeur, sa dignité, et n’avait guère l’intelligence pour lever son regard vers le monde, vers l’autre, vers l’inconnu. Peut-être la morale que n’écoutait pas Narcisse peut-elle être la nôtre :
« Insensé ! pourquoi suivre ainsi cette image qui sans cesse te fuit ? Tu veux ce qui n'est point. Éloigne-toi, et tu verras s'évanouir le fantastique objet de ton amour. L'image qui s'offre à tes regards n'est que ton ombre réfléchie ; elle n'a rien de réel ; elle vient et demeure avec toi ; elle disparaîtrait si tu pouvais toi-même t'éloigner de ces lieux .» (12)
Peut-être que notre narcissisme défait, pourri, notre vie, défait notre capacité d’apprendre par la vie, pollue notre vie en mettant le curseur sur « le préjudice de la vie » là où il convient de n’avoir aucun curseur et de laisser la vie nous prendre dans ses bras ! Peut-être que Hégésias se trompait en faisant de l’individu « une île euthanasique » (et narcissique) !
Notes
1. Cf. L’affaire judiciaire française « Perruche » de 2000 qui a accepté l'indemnisation pour le « préjudice d'être né ». Voir Janine Chanteur, Condamnés à mort ou condamnés à vivre?, Montain, Éditions Factuel, 2002.
2. Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, traduction Charles Zévort, Paris, Charpentier 1847, Tome II, p 103. Hégésias est ici désigné « l’Apôtre de la Mort ».
3. Callimaque de Cyrène, Les épigrammes de Callimaque, Paris, Éditeur Leroux, 1907, no 5 : « En disant : « Soleil, adieu! » Cléombrotos d’Ambracie s’est précipité du haut d’un toit chez Hadès: il n’avait eu aucun mal qui put lui faire souhaiter la mort; mais il avait lu de Platon le dialogue sur l’âme. »
4. Livre de Platon, Phédon, Paris, GF-Flammarion, 1999. Le livre est un dialogue qui raconte la mort de Socrate, ses dernières paroles et les attribues de l’âme.
5. Cicéron (i.e. Marcus Tullius Cicero), Tuscalenes, ch XXXIV, dans, idem, Œuvres complètes de Cicéron, t. IV, sous la direction de Désiré Nisard: Livre I, traduit par l'abbé d'Olivet (disponible sur le site Remacle.org.)
6. Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, traduction Charles Zévort, Paris, Charpentier 1847, Tome II, p 107.
7. Aristote, Éthique à Nicomaque, traduit par Jules Tricot, Paris, Vrin, 1959.
8. Amartya Sen, L'Idée de justice, Seuil, Paris, 2010.
9. Voir également chez Jeremy Bentham, Introduction aux principes de morale et de législation (1780), Chapitre 1 - Du principe d’utilité : « La nature a placé l’humanité sous le gouvernement de deux maîtres souverains, la douleur et le plaisir. C’est à eux seuls qu’il appartient de signifier ce que nous devrions faire, comme de déterminer ce que nous ferons. ».
10. Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles, traduction par Henri Albert, Paris, Mercure de France, 1908 (Œuvres complètes de Frédéric Nietzsche, vol. 12, Le Crépuscule des idoles), p 202 – 204.
11. Ovide (i.e. Publius Ovidius Naso), Les Métamorphoses, Paris, Gay & Guestard, 1806 (chapitre : Écho, livre III, 356 - 510).
12. Ovide, Les Métamorphoses, op. cit, livre III, 432.
30 janvier 2023