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Secondaire V – Enfin du cinéma direct !

par
Ph.D., Université de Montréal, Directeur, Tolerance.ca®

Secondaire V, le documentaire de Guillaume Sylvestre, sorti en salle le 17 janvier 2014,  se démarque fort heureusement des films à l’eau de rose se déroulant dans nos écoles, auxquels notre cinéma nous a jusqu’ici habitués. Pensons aux productions très gentillettes qui ne couraient aucun risque de déranger en mettant en scène des enfants, genre (comme diraient les jeunes de Secondaire VLa Classe de madame Lise ou Monsieur Lazhar, et qui ont pourtant été unanimement encensées par la critique.

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Si le documentaire de Guillaume Sylvestre semble avoir déplu à certaines chroniqueuses, qui tiennent tribune dans des médias traditionnels, c’est que ce film montre la vie, la vraie, telle que vécue dans une école montréalaise, l'école secondaire Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont, et il le fait sans cette tendance moralisante qui a cours aujourd’hui à la télévision et dans certains de nos films. Sylvestre montre, en effet, les jeunes tels qu’ils sont, sans entrevues et sans commentaires.

N’est-ce pas rafraîchissant d’entendre des jeunes s’exprimer aussi naturellement que dans L’Esquive, le film français d’Abdellatif Kechiche, qui se déroule dans une banlieue, où des jeunes adolescents, français de «souche» et d’origine maghrébine, répètent une pièce de Marivaux, tout en s’exprimant dans une langue qui leur est propre ?

Comme Kechiche, Sylvestre donne la parole aux jeunes de toutes origines – ce qui est déjà assez inhabituel dans nos médias et dans notre cinéma, et il le fait au moyen du parler adolescent contemporain.

Dès le début, le film nous montre que l’intégration passe par l’école québécoise, car ces jeunes, dont les parents ont immigré au Québec, se côtoient et se fréquentent, et ce, au-delà des ghettos. En effet, ces adolescents d’origine israélienne, marocaine, latino-américaine, française ou québécoise s’expriment librement et sans filtre, et ils le font en français – n’est-ce pas une victoire pour le Québec français ? Ce n’est certes pas le français de nos écoles huppées, mais c’est certainement une réalité qui montre bien que les jeunes d’autres origines ne sont plus séparés des Québécois francophones «de souche», comme ce fut le cas autrefois lorsque nos structures scolaires furent confessionnelles.

De plus, n’est-ce pas aussi une belle leçon d’intégration que ce film nous apprend lorsque des jeunes, d’origine autre que canadienne-française, nous confient leur impatience face aux sempiternelles questions que des Québécois de souche leur posent sur leur lieu de naissance, alors qu’ils sont nés au Québec ?

D’autres jeunes nous révèlent aussi les difficultés de communication au sein de leurs propres familles, au point qu’ils préfèrent célébrer Noël en compagnie de leurs amis plutôt qu’avec leurs parents.     

Nous assistons certes à des discussions controversées dont l’approche du sujet n’est peut-être pas toujours appropriée. Ainsi les questions portant sur l’homosexualité. Est-il nécessaire de pousser les jeunes à donner leur avis sur un sujet qui fait maintenant chez nous partie de la vie? Ne faut-il pas plutôt les informer de l’évolution de nos sociétés démocratiques en ce qui touche les orientations sexuelles et discuter avec eux du degré de tolérance, ici et dans le monde, à l’égard de cette réalité ? 

D’autres aspects auraient peut-être également mérité d’être abordés dans le documentaire. Ainsi, par exemple, que retiennent les jeunes de leur expérience scolaire ? On est étonné, par ailleurs, alors que nous sommes plongés dans Internet depuis près d’une vingtaine d’années, que l’on ne fasse pas appel à des ressources technologiques durant les heures de cours. 

En outre, contrairement à ce qui a été dit dans certains journaux, ce film est aussi un bel éloge des professeurs. On ne peut que se montrer admiratif devant la patience des enseignants et leur capacité d’établir une communication avec des adolescents dont le passage à la maturité ne se fait pas toujours sans difficulté.     

Comment enfin ne pas être touché par les scènes finales du film ? On ressent la tristesse des jeunes lors de la dernière journée d’école, lorsque, malgré les tensions vécues durant l’année scolaire, les garçons viennent faire l’accolade à leurs professeurs et que les filles, les larmes aux yeux, s’avancent pour embrasser leurs enseignants. On sent, à ce moment-là, la reconnaissance que ces jeunes éprouvent pour leurs profs.  N’est-ce pas là une des plus belles récompenses que peut recevoir un enseignant ?

À l’affiche à l’Excentris http://cinemaexcentris.com/Secondaire-V

Secondaire V. 1h 32. , 2013. Film québécois.  RÉALISATEUR Guillaume Sylvestre. SCÉNARISTE Guillaume Sylvestre. PRODUCTEURS Guy Bonnier. Guillaume Sylvestre. STUDIO DE PRODUCTION iStudio Divertissement Inc. DISTRIBUTEUR AU QUÉBEC. iStudio Divertissement Inc. Sorti en salle 17 janvier 2014.

 

26 janvier 2014

 



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Victor Teboul est écrivain et le directeur fondateur de Tolerance.ca ®, le magazine en ligne sur la Tolérance, fondé en 2002 afin de promouvoir un discours critique sur la tolérance et la diversité. 

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