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Afflux de réfugiés iraquiens en Jordanie

Amman - « Nous sommes reconnus en tant que réfugiés par l'UNHCR, néanmoins nous vivons chaque jour comme si c'était le dernier ici. Nous nous demandons quand viendra notre tour d'être arrêté, expulsé ou battu », et il continue : « je vous assure, ce n'est pas une vie. On ne fait que survivre et prier de ne pas retourner en Iraq. »

Selon les autorités locales, entre 500 000 et 700 000 Iraquiens vivent en Jordanie. Beaucoup d'entre eux étaient déjà déplacés avant 2003, mais un grand nombre continue à fuir en Jordanie et dans d'autres pays voisins, et selon l'UNHCR ce nombre va encore s'accroître. « La situation, déjà largement dégradée, empire davantage chaque jour », a déclaré Robert Breen, délégué de l'UNHCR à Amman. 

L'afflux d'Iraquiens crée plusieurs problèmes en Jordanie et le Gouvernement n'arrive pas à faire face. Le pays est surtout préoccupé par les répercussions sur la sécurité et sur l'économie, et par les problèmes qui se posent aux services publics. Suite à plusieurs attentats meurtriers perpétrés à Amman en novembre 2005, le Gouvernement a adopté des mesures plus sévères en matière de sécurité.

Les autorités ont donc commencé à limiter le nombre de permis de résidence accordés aux Iraquiens, à emprisonner ceux qui vivent illégalement en Jordanie et à refuser à la frontière l'entrée des Iraquiens qui ne seraient pas en possession de documents valables. Du point de vue de l'économie du pays, la crise iraquienne a fait doubler le prix des loyers et a provoqué l'augmentation des prix de la nourriture, des transports et du gaz.

Lors de l'appel de fonds de 60 millions de dollars lancé la semaine dernière pour financer les activités de l'UNHCR en 2007 en faveur des centaines de milliers de déracinés iraquiens, le Haut Commissaire António Guterres a reconnu les problèmes qui se posent aux pays voisins de l'Iraq. Une partie des fonds a été allouée à la Jordanie.

« Le fardeau est énorme pour les communautés d'accueil et les gouvernements de la région. Il est essentiel que la communauté internationale soutienne les efforts humanitaires pour aider les personnes les plus vulnérables », a-t-il dit.

« Les Etats voisins commencent à montrer des signes d'épuisement. Ils doivent faire face à des problèmes sécuritaires, et à des préoccupations d'ordre plus général relatives à leur politique interne », a ajouté Robert Breen.

Les réfugiés luttent pour garder espoir malgré l'incertitude. L'agence pour les réfugiés est persuadée qu'un nombre plus important de personnes n'a pas pris la peine de s'enregistrer. 

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La plupart des réfugiés, comme Ra'ed, sont sans emploi et n'ont quasiment pas d'argent. Ra'ed passe la plupart de ses journées avec d'autres jeunes Iraquiens désoeuvrés. Ils aiment boire du thé à la menthe très sucré dans un bar qui leur rappelle Bagdad.

Ils se rassemblent aussi pour partager les mauvaises nouvelles : un frère tué à la frontière, quelqu'un qui a été poignardé, une tension entre un mari et sa femme au sujet de problèmes financiers. A chaque fois, le silence se fait lorsqu'ils se souviennent d'amis et de proches qui sont restés en Iraq.

De nombreux Iraquiens ont aussi des problèmes de santé. « Il y a beaucoup de pression sur le système de santé, que ce soit à cause de l'augmentation de la population jordanienne ou de l'arrivée d'étrangers », a indiqué le journaliste Hanan al Kiswany.

Les écoles publiques connaissent aussi une surpopulation d'élèves. « Le Gouvernement loue des bâtiments et les utilise en tant qu'écoles », a indiqué Swasan Aruri, chargé de programme à la German Development Bank (KFW), qui a construit 34 écoles. « Les élèves vont en classe à tour de rôle, soit le matin, soit l'après-midi », a-t-elle ajouté.

Le problème de la scolarisation cause des tensions entre la population locale et les réfugiés. Il y aussi une évidente tension sectaire.

Omar Shawkat, qui est arrivé à Amman avec sa famille l'année dernière, a indiqué qu'il n'avait pas pu inscrire ses quatre enfants en âge d'aller à l'école car il ne pouvait produire aucun justificatif de résidence. Les plus jeunes ont manqué un an d'école et ont passé leurs journées à regarder la télévision et à dormir tard jusqu'à l'après-midi.

« Je pense que mes enfants n'ont pas d'avenir », a expliqué Omar Shawkat, qui a perdu une jambe et une main durant la guerre Iran-Iraq dans les années 80. Même s'il était autorisé à chercher du travail, il doute de pouvoir trouver un emploi à cause de son handicap. « J'ai perdu une jambe. Ma main ne fonctionne plus. Mes enfants ne vont pas à l'école. Je ne suis pas reconnu en tant que réfugié. Je n'ai pas de travail. Je n'ai aucun justificatif prouvant ce que je dis – alors tout ceci n'est-il pas une catastrophe humanitaire ? »

Rana F. Sweis à Amman, Jordanie
Source : unhcr.fr -
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