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Palestine. Injustice constante faite aux femmes dans les territoires palestiniens

par Nida' Tuma

Ramallah (Cisjordanie) – Une page Facebook avec près de deux mille membres a récemment attiré l'attention du public et des médias palestiniens. '' Puzzled young women'' est devenu une arène importante dans le débat des droits des femmes dans les territoires palestiniens occupés, un débat pour lequel un élément essentiel a fait défaut par le passé: le dialogue avec les partisans d'un rôle plus traditionnel des femmes.

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La page est dirigée par un groupe de jeunes palestiniennes qui font pression et luttent contre l'injustice faite aux femmes et qui amorcent le dialogue avec les personnes ayant des vues divergentes. Les membres utilisent cette page pour poser des questions légitimes sur la situation des femmes au sein de différentes communautés. Les sujets vont du mariage précoce à la violence contre les femmes, au droit de succession et aux crimes dits ''d'honneur''. Nombreux sont les membres qui déclarent que, jusqu'ici, les institutions oeuvrant dans ce domaine n'ont guère fait progresser la situation.

Les fondateurs de ce groupe Facebook affirment que leur préoccupation première est l'injustice constante faite aux femmes dans les territoires palestiniens occupés. Ils insistent sur le fait que l'oppression des femmes est en totale contradiction avec l'objectif palestinien de mettre un terme à l'occupation israélienne et d'obtenir l'indépendance. Les fondateurs posent la question suivante: ''Comment pouvons-nous exiger notre liberté en tant que peuple alors que nous exigeons de limiter les libertés de certains groupes, à savoir les femmes, au sein même de notre société?

Lors du débat animé qui a suivi le meurtre d'Aya Baradiya – une jeune femme du sud de la Cisjordanie qui, selon les informations, a été tuée par son oncle qui n'aimait pas l'homme qu'elle fréquentait – une percée dans le long combat pour l'égalité des droits est apparue, des jeunes femmes s'étant rassemblées pour débattre de ce crime atroce sur Facebook. L'indignation a été exacerbée par la couverture médiatique de cet horrible crime aux niveaux local et international, ce qui a abouti à l'amendement de la loi qui permettait de juger avec indulgence les hommes ayant tué une femme de leur famille. L'amendement est important même s'il est ignoré dans la bande de Gaza où le Hamas qui est au pouvoir limite sévèrement les libertés et les droits des femmes dans cette région.

Même si les amendements à la loi sont importants, les coutumes sociales dans les territoires palestiniens font trop souvent obstacle aux progrès. L'éducation et le dialogue deviennent déterminants dans les sociétés aux coutumes provocatrices et à la culture conservatrice.

Les gestionnaires du site organisent des discussions ainsi que des débats en ligne avec des journalistes, des ecclésiastiques et des personnalités politiques de premier plan telles que Hanan Ashrawi, seule femme membre du Comité exécutif de l'Organisation de Libération de la Palestine. Le groupe s'est aussi félicité des critiques formulées par le présentateur de la télévision palestinienne Mohammad Abu Obaid qui reprochent aux femmes de ne pas davantage protester pour leurs droits.

Engager les camps opposés dans ces discussions élargit le débat et permet aux personnes concernées d'aborder des points qui intéressent les deux parties.

Beaucoup des opposants aux droits des femmes soutiennent que certains des droits dont jouissent les femmes dans les pays occidentaux vont à l'encontre de la loi et de la culture islamiques et qu'ils pourraient engendrer une décadence sociale. Certaines discussions portent sur l'occidentalisation de la culture arabe et la menace que ce phénomène représente pour les coutumes et traditions anciennes. Les opposants s'inquiétent aussi du fait que les valeurs occidentales pourraient entraîner de sérieux problèmes au sein de la famille, y compris un fort taux de divorce, des enfants nés hors mariage et le phénomène des mères célibataires.

Le thème de l'honneur occupe une large part des discussions. Beaucoup de femmes soutiennent que la société est partiale lorsqu'il s'agit des femmes. En effet, elle tolère que les hommes aient des relations extra-conjugales mais jugent indignes les femmes qui en ont.

Même si parfois le discours – encore au tout début de son développement – n'est pas assez sophistiqué par rapport à d'autres discussions semblables ayant lieu ailleurs, il traduit le besoin profond que les gens ont de commencer à parler de ces questions.

Ceux qui gèrent la page ''Puzzled young women'' se tournent souvent vers des hommes religieux pour trouver un soutien. Mais ils ne sont pas les seuls. Dans une société conservatrice, les associations de femmes, comme le Palestinian Violence Against Women Forum, comptent sur les imams musulmans pour évoquer, dans leur sermon du vendredi, la violence faite aux femmes et aborder des questions telles que les droits de succession. C'est un point qu'il convient de souligner car même si cette démarche n'incite pas nécessairement les chefs religieux à s'associer à la lutte générale pour la libération des femmes, elle montre qu'il y a des moyens à l'intérieur de la communauté religieuse pouvant permettre d'atténuer la détresse des femmes.

Comparé à d'autres pays arabes, les Palestiniennes sont considérées mieux loties. Le fait qu'il y ait des femmes à des postes importants dans des domaines publics tels que l'éducation, la gestion et la politique le confirme. Cependant, les Palestiniennes continuent de se battre pour obtenir des droits que les femmes dans les pays occidentaux tiennent pour acquis.

Quel que soit l'avenir de la lutte pour les droits des femmes en Palestine, il s'agit sans aucun doute d'un processus dynamique et de transformation – susceptible de déborder sur la politique et sur d'autres domaines de la société, permettant ainsi de créer un état moderne, fort et juste.

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*Nida'Tuma est une journaliste indépendante qui vit à Ramallah. Elle est titulaire d'un diplôme en journalisme de l'université de Birzeit.

© Common Ground -
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