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L'immigration, une solution à la pénurie de main-d'oeuvre au Québec

(French version only)
By
Ph.D., Université de Montréal, Editor, Tolerance.ca®

Les baby-boomers quitteront dans quelques années le monde du travail québécois,  mais la relève n’est pas au rendez-vous ...


explique Alain Samson, l’auteur de «Mon équipe est multicolore mais je suis daltonien», qui vient de paraître aux Éditions Transcontinental.   Le Québec connaîtra alors une pénurie de main-d’œuvre « pure laine ». La solution : embaucher des immigrants. D’autant plus que sur les 45 221 arrivés au Québec en 2007, plus de 60 % connaissaient le français et plus de 65 % avaient au moins 15 ans de scolarité.  

Entrevue réalisée par Victor Teboul pour Tolerance.ca ®

Tolerance.ca ® -Quelles sont les principales réticences des
Québécois «pure laine» lorsque vient le moment d’embaucher des immigrants ? Comment expliquez-vous ces réticences alors que le Québec a été une terre d’accueil pour les immigrants depuis plus d’un siècle et demi?

Alain Samson - Les Québécois, comme tous les êtres humains à divers degré, préfèrent embaucher des gens qui leur ressemblent et avec qui ils partagent un même bagage culturel. C’est vrai que c’est plus élevé chez les « pure laine ». Une explication pourrait être que, suite à la conquête, le peuple québécois s’est refermé sur lui-même, protégé par l’Église puis, plus tard, par l’État. La réticence numéro un, c’est la crainte de ce qui est différent. C’est la raison pour laquelle je bâtis mon livre sur une redéfinition du mot « clan » et sur le savoir : ce qu’on connaît ne fait plus peur.

Tolerance.ca ® -  Les comportements des employeurs à l’égard de l’embauche d’immigrants sont-ils semblables à Montréal et en région ?

Alain Samson - Non. En région, on ne pense pas spontanément à l’embauche d’immigrants parce qu’il n’y en a souvent pas dans la communauté. Et pourtant, ils ont besoin d’eux ! Il faut dire que plus de 80 % des immigrants s’installent dans le Grand Montréal. Mais certaines communautés s’organisent. À Québec, on fait des missions pour attirer des employés d’ailleurs. Au Saguenay, un réseau s’est créé et si une entreprise trouve un employé immigrant, le réseau tente de trouver un emploi à la conjointe de celui-ci afin d’être certain de l’attirer. C’est la grande séduction !

Tolerance.ca ® - On parle souvent de la richesse que nous apporterait la diversité. Pouvez-vous identifier des cas concrets où cela a été effectivement un enrichissement autant sur le plan économique que culturel pour l’entrepreneur ?

Alain Samson - Sans la nommer, je peux vous dire que les efforts de commercialisation d’une entreprise manufacturière de Drummondville en Amérique du Sud ont vraiment décollé quand ils ont accueilli dans leur équipe des immigrants en provenance du Mexique et du Pérou. Ensuite, leurs campagnes publicitaires étaient mieux pensées et les contacts (tant pour le développement des ventes que celui du service à la clientèle) ont été facilités. On a beau suivre quelques cours d’espagnol au Cégep (1), ça ne vaut pas la richesse d’avoir grandi là-bas et de partager la culture. 

Tolerance.ca ® - Outre la maîtrise de la langue française et les compétences professionnelles requises pour l’emploi postulé, existe-t-il d’autres habiletés sociales ou culturelles que doivent acquérir les immigrants pour s’intégrer dans un milieu de travail québécois ?

Alain Samson - L’ouverture à la culture québécoise afin de développer des références communes nécessaires au développement de relations signifiantes avec sa nouvelle communauté. Une compréhension des continuums culturels afin de comprendre que les Québécois, tout comme eux, sont normaux. Remarquez que la réciproque est également nécessaire : les travailleurs québécois doivent s’ouvrir aux autres cultures.

Tolerance.ca ® -Vous affirmez que l’entrepreneur québécois doit se montrer ouvert à la diversité. Quels «accommodements» devrait-il prévoir ?

Alain Samson - Le mot « accommodement » a pris une connotation négative, en grande partie à cause des médias. Mais l’entrepreneur québécois fait déjà des accommodements. Si un futur père demande à quitter le travail sur-le-champ parce que sa conjointe accouche, il reçoit une réponse affirmative. Si un employé étudiant demande moins d’heures une semaine parce que c’est la semaine des examens, on réduit son horaire. Tout ça va très bien tant qu’on reste dans le monde du connu. L’ouverture à d’autres accommodements passe par la connaissance. Qu’est-ce que ça implique si je m’ouvre à la diversité ? Communiquons mieux et les craintes fondront. Ce sont les surprises que l’entrepreneur québécois redoute.

Entrevue réalisée par Victor Teboul pour Tolerance.ca ®

Note

1. CÉGEP. Acronyme pour collège d’enseignement général et professionnel, établissements postsecondaires au Québec.

3 mars 2009.



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By Victor Teboul

Victor Teboul is a writer and the publisher of Tolerance.ca ®, The Tolerance Webzine, which he founded in 2002 to promote a critical discourse on tolerance and diversity. He is the author of several books and numerous articles.

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