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Être soldat en Afghanistan

(French version only)
By , contributor, hired in the various student projects of Tolerance.ca
D’ici 2009, le Canada aura investi 4,3 milliards de dollars pour sa mission de développement et de reconstruction en Afghanistan. Néanmoins, ce n’est pas pour ces lourdes dépenses que la majorité de la population canadienne exige le retrait des troupes mais bien pour les 76 soldats canadiens qu’y sont morts jusqu’à présent.

Alors que la guerre en Afghanistan fait l’objet d’un continuel débat partout au Canada et que la majorité de la population semble, selon les médias, s’opposer à la présence des troupes canadiennes en sol afghan, les soldats, eux, ne cessent de croire à la nécessité de leur mission.

La guerre en Afghanistan oppose, depuis octobre 2001, les Talibans aux Etats-Unis. Ces derniers jouissent de la contribution militaire de l’Alliance du Nord et de plusieurs nations occidentales telles que le Canada, le Royaume-Uni et la France. On sait que ce sont les attentats du 11 septembre 2001 qui ont déclenché cette guerre contre le terrorisme.

« Ils ont besoin de nous »

Si certains ne comprennent pas la présence des soldats canadiens en Afghanistan, d’autres ne comprennent tout simplement pas comment on peut avoir la détermination et le désir de devenir soldat. C’était mon cas, jusqu’à ce que je rencontre Guillaume, un officier du Régiment de Maisonneuve, qui rassemble environ 220 soldats et officiers. « Ça me fâche. Les gens sont mal informés, et c’est pour cette raison que la majorité ne comprend pas la détermination des soldats qui s’entraînent pour cette guerre ou qui y participent», me confie-t-il.

Ce n’est pas la première fois que j’entends des propos du genre, beaucoup de soldats et de partisans de la guerre déplorant le fait que les journalistes s’attardent trop sur les pertes d’hommes plutôt que sur les raisons de leur présence en sol afghan. D’ailleurs, deux sondages CROP, réalisés durant l’été 2007, démontrent l’impact de ces pertes sur les gens. Quelques jours avant le décès du soldat Simon Longtin, le 19 août 2007, 57% des Québécois étaient en désaccord avec la guerre en Afghanistan. Or, au lendemain de sa mort, c’étaient 68% de la population qui demandaient le retrait des troupes.

Lorsque je lui parle de ce soldat ou encore du soldat Jonathan Dion, décédé le 30 décembre 2007, de l’adjudant Hani Massouh et du caporal Éric Labbé, qui sont morts le 6 janvier 2008, Guillaume me confie qu’il déplore évidemment la perte de vies humaines et qu’il a bien entendu des craintes face à la mort, comme c’est le cas pour la majorité des soldats. Cependant, il croit en cette mission. « Je suis très sensible au respect des droits de la personne, et nous voulons tous que ces droits y soient respectés. J’ai vu des photos qui démontrent la misère de ce peuple. Je sais aussi que l’accès à l’éducation y est restreint, surtout pour les femmes, car dans un régime totalitaire on ne gagne pas à ce que la population en sache trop. Nous croyons que de remédier à ça est une très bonne raison de s’investir dans une mission comme celle-là. Nous voulons leur donner un régime démocratique. Ils ont besoin de nous.»

Un métier à risque

Ce jeune officier, comme tous ses coéquipiers, est conscient des risques de son métier. « Ça fait partie du travail. Tous les métiers comportent des risques, même s’ils sont moins élevés que celui d’être soldat. Quand tu aimes ce que tu fais, tu portes moins attention aux risques que tu cours. Et lorsque tu crois en la cause pour laquelle tu te bats, c’est encore plus vrai.» C’est ce qui explique d’ailleurs la grande solidarité qui existe entre les soldats, ceux-ci partagent les mêmes valeurs, les mêmes craintes et surtout la même détermination d’aider le peuple afghan, malgré les réserves exprimées régulièrement par l’opinion publique vis-à-vis l’implication militaire du Canada.

« De toute façon, pour la plupart des militaires, c’est ce goût pour les défis et le risque qui explique leur présence dans les forces. C’est un métier très actif et peu routinier. Nos journées peuvent commencer à 7 heures le matin et d’autres peuvent se terminer à minuit. Pour un jeune comme moi, c’est cette variabilité qui est plaisante ».

En 2007, pas moins de 30 soldats canadiens ont laissé leur peau en sol afghan. Évidemment, c’est éprouvant pour les familles des victimes, mais toujours selon Guillaume, les proches des soldats sont les mieux placés pour savoir à quel point ils croient en ce qu’ils font. « Ils sont morts pour une bonne cause, une cause qui leur tenait à cœur ». Et c’est cela que la population devrait retenir lorsqu’elle apprend la perte de l’un des leurs, plutôt que de remettre en question ce pourquoi ils se sont battus. « C’est évidemment triste de constater qu’une partie de la population n’est pas avec nous.»

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Comme vous le savez, nombreux sont les groupes qui, contrairement à ces soldats, s’opposent à la guerre en Afghanistan, également pour une question de valeurs. Les membres du Collectif Échec à la Guerre invoquent l’illégitimité du conflit au regard du droit international et exigent le retrait des forces canadiennes en soulignant que la présence des forces militaires étrangères ne peut ainsi se justifier par la légitime défense. De plus, après cinq ans d’intervention étrangère en Afghanistan, la situation du pays est, selon le Collectif, toujours lamentable et contraire aux intentions professées dans le mandat de la mission, lequel consiste à reconstruire le pays.

Près de 2 500 militaires canadiens ont jusqu’à maintenant été déployés dans le sud de l'Afghanistan, pour lutter contre la résurgence armée des Talibans. Le gouvernement de Stephen Harper s’est récemment prononcé pour prolonger la mission jusqu’en 2011, alors qu’elle devait prendre fin en février 2009. Il est cependant loin d’avoir obtenu le feu vert sur ce projet, puisque les trois partis de l’opposition s’y objectent. C’est donc un débat à suivre.

Mis à jour 7 janvier 2008.


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Image : Ministère de la Défense, Canada.

 




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