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Les Arméniens du Moyen-Orient

(French version only)
By
president, Middle East Pact (MEP)
Groupe ethnique originaire du Caucase, le peuple arménien est le premier à avoir adopté le christianisme comme religion nationale en l’an 301 instaurant une branche distincte de cette religion, l’Eglise apostolique arménienne.

La position géographique peu enviable de l’Arménie (absence d’accès maritime, encerclement par des puissances protagonistes) a toujours été source d’instabilité, d’insécurité et de déplacements de population.

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Jusqu’en 1920, les Arméniens peuplaient un territoire, à cheval entre l’Empire ottoman et la Transcaucasie, six fois plus vaste que la superficie de l’Arménie actuelle. Cela explique la présence d’importantes communautés arméniennes au Moyen-Orient, notamment en Anatolie orientale (Turquie), en Iran et au Levant.

Turquie : un passé qui ne passe pas

Une grande partie de la population arménienne qui vivait sur le territoire actuel de la Turquie a péri au cours de déportations et massacres de grande ampleur commis par le pouvoir turc durant la Première Guerre mondiale. Ce premier génocide du XXème siècle a coûté la vie à un million deux cent mille Arméniens d’Anatolie, soit près du tiers de la population arménienne de l’époque. Le gouvernement turc actuel maintient une position ferme de refus de la reconnaissance du génocide et condamne vivement sa reconnaissance par des gouvernements ou parlements étrangers, ce qui explique le fait que le génocide arménien n’est reconnu que par à peine quinze Etats dans le monde, l’Arménie incluse.

Depuis la chute de l’Empire ottoman et la fondation de l’Etat turc moderne en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, les survivants arméniens vivent principalement à Istanbul (60%), mais aussi dans d’autres villes, notamment à l’est du pays. Au total, 100 000 Arméniens vivraient en Turquie selon les estimations communautaires. Ce nombre ne prend pas en compte les Hémichis, musulmans arménophones.

Iran : une discrimination religieuse

Les Arméniens d’Iran forment l’une des communautés les plus anciennes et importantes de la diaspora arménienne. On recense aujourd’hui environ un demi-million d’Arméniens en Iran, concentrés principalement à Téhéran, à Ispahan et à Shahinshahr. On en retrouve aussi dans le nord-ouest du pays, région historiquement arménienne.

Très actifs durant la révolution économique du pays aux XIXème et XXème siècles, ils émigrent en nombre en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest après la Révolution islamique de 1977.

Ils demeurent tout de même la plus importante communauté chrétienne d’Iran, qu’ils composent majoritairement, et disposent de deux « sièges réservés » au Parlement de la République islamique d’Iran, en dépit des lourdes discriminations qui pèsent sur les non-musulmans de manière générale dans les domaines du logement, de l’éducation, de l’emploi, mais surtout en matière de liberté de conscience : restrictions à la construction de nouveaux lieux de culte, atteintes à la liberté d’expression (sous prétexte de prévention contre le prosélytisme), obligation de respecter la jurisprudence islamique (port du voile pour les femmes, prohibition de l’alcool, etc.).

Cette violation flagrante des droits de la minorité arménienne contraste merveilleusement avec le soutien inconditionnel qu’accorde l’Etat arménien voisin à la République islamique d’Iran. Privé de tout accès maritime, l’Arménie moderne entretient des relations conflictuelles avec tous ses voisins : un conflit territorial avec l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabagh, des tensions permanentes avec la Turquie et l’appartenance au camp pro-russe n’améliore pas ses relations avec la Géorgie pro-occidentale. Seule puissance régionale limitrophe, l’Iran constitue pour l’Arménie un ultime secours et un accès maritime sûr. Récemment, le président iranien extrémiste a obtenu un doctorat honorifique de l’Université d’Erevan en Arménie chrétienne. Ce n’est pas en Azerbaïdjan chiite, que M. Ahmadinejad aurait pu prétendre à une telle reconnaissance.

Levant : une intégration satisfaisante

Les Arméniens du Liban forment depuis plusieurs siècles une communauté au sein de ce pays. Celle-ci s’est considérablement renforcée à la suite du génocide arménien de 1915 avec l’afflux massif de survivants. Essentiellement présente à Beyrouth, elle est parfaitement intégrée au sein du pays et de ses institutions, puisque, en plus de ses églises, écoles et universités, la communauté arménienne du Liban dispose de plusieurs partis politiques dont Dashnak, Hentchak et Ramgavar, qui participent activement à la vie politique du Liban. Cependant, après la guerre civile qui a déchiré le pays du Cèdre dans les années 1970-1990, une partie importante de la communauté arménienne a émigré vers le Nouveau Monde comme tant de chrétiens de ce pays.

Au Levant, il existe également 190 000 Arméniens, concentrés principalement à Damas, Alep, Kamichli, près de 70 000 en Jordanie et moins de 3 000 en Israël (dont 2 000 dans le quartier arménien de la Vieille Ville de Jérusalem).

Conclusion : une communauté doublement minoritaire

En conclusion, il est permis d’affirmer que les Arméniens du Moyen-Orient sont doublement minoritaires. En effet, les autres minorités religieuses de la région (Coptes, Maronites, Druzes…) sont généralement arabes ou arabophones, tandis que les minorités nationales (Kurdes, Turkmènes, Circassiens…) sont généralement musulmanes. Seuls les Arméniens sont à la fois non-musulmans et non-arabophones.

Isolée dans son environnement régional, l’Arménie indépendante depuis le 21 septembre 1991 dispose de peu de marge de manoeuvre dans ses tentatives de parrainage des minorités arméniennes du Moyen-Orient, en dépit de quelques timides interventions. En effet, les pressions exercées sur le gouvernement libanais ont contribué à la reconnaissance par Beyrouth du génocide arménien. Sur le plan irakien, environ 1 000 Arméniens de ce pays ont obtenu le statut de réfugié ou d’asile temporaire en Arménie durant les quatre dernières années. Les difficultés économiques, l’instabilité politique et les tensions locales pèsent lourdement sur la jeune république transcaucasienne et réduisent considérablement ses capacités d’influence dans son environnement régional.


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