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Tout le monde en parle et Bye Bye 2008

(French version only)
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Ph.D., Université de Montréal, Editor, Tolerance.ca®
L’émission Tout le monde en parle de la télévision de Radio-Canada du 1e février 2009 est revenue sur l’épisode de la controverse entourant Bye Bye 2008 en invitant l’humoriste M. Jean-François Mercier, un des animateurs du segment controversé, à venir s’expliquer.

Signalons que l’humoriste a déjà eu amplement l’occasion de s’expliquer sur les tribunes québécoises et donc auprès de centaines de milliers de Québécois, notamment à la même chaîne dans le cadre de l’émission animée par madame Anne-Marie Dussault. Mais les plaignants, qui eux étaient absents à l’émission Tout le monde en parle du 1e février 2009, n’ont pas eu cette chance.

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L’animateur de l’émission, M. Guy A. Lepage, a demandé tout de go à M. Mercier s’il était raciste.

Or, la question n’est pas là. Il s’agit plutôt de savoir ce qui a été considéré raciste par ceux et celles qui s’en sont plaints, mais le point de vue de ces derniers ne s’est pas exprimé à l’émission, les plaignants étant absents. On pourrait se demander pourquoi aucun porte-parole des groupes concernés n’a été invité à cette émission. Ou, plus simplement, pourquoi le point de vue des groupes touchés par cette controverse n’a pu être exprimé ?

Plutôt que de tenter de comprendre ce que ses propos pouvaient contenir comme éléments racistes, l’humoriste s’est contenté de plaider son innocence en clamant qu’il n’était pas raciste. Soit, mais ses propos pouvaient-ils l’être ? Même Obama, dans un de ses discours, a reconnu récemment avoir décelé des propos racistes chez sa propre grand-mère blanche, malgré l’amour qu’elle ressentait pour lui. Donc, la question n’est pas de savoir si on est ou non raciste, mais plutôt si on a pu exprimer des propos racistes de manière involontaire, et non pas de nier cette possibilité bien réelle.

Qu’a-t-on finalement appris de cette controverse ? Les médias francophones québécois en ont-ils tiré une leçon ? Car , faut-il le répéter, l’humour est sain et nécessaire. On doit être capable de rire de nous-mêmes et de nos rapports interethniques. S’il existe un humour juif, c’est bien parce que les Juifs savent rire d’eux-mêmes. Mais connaissez-vous des humoristes juifs québécois et francophones qui passent régulièrement à nos émissions (exception faite de Gad Elmaleh qui vient à l’occasion faire un tour au Québec) ?

Le seul élément qui ressorte malheureusement de la discussion, qui a eu lieu à l’émission du 1e février de Tout le monde en parle, est que les plaignants n’ont pas le sens de l’humour puisqu’ils n’ont pas su apprécier les blagues de M. Mercier. Mais lui, cependant, il possède le sens de l’humour - la preuve c’est que ses fans, a-t-il fait remarquer, continuent d’affluer à ses «shows». Mais ce que M. Mercier n’a pas pu expliquer (ni tenté de le faire), c’est pourquoi ses gags n’étaient pas racistes à l’émission de Bye Bye 2008.

À Tout le monde en parle, on s’est aussi préoccupé de défendre un autre animateur de télévision, d’une chaîne concurrente cette fois-ci -Denis Lévesque-, également écorché dans le segment controversé, plutôt que de comprendre ce qui a pu offenser les groupes qui ont porté plainte. Le chroniqueur du même réseau concurrent, M. Richard Martineau, y est même allé d’une confidence : la fille de M. Lévesque, qui réveillonnait en compagnie d’amis «haïtiens», a-t-il senti le besoin de préciser (tiens… tiens…), a fondu en larmes en voyant son père dépeint comme un animateur grossier et raciste dans Bye Bye 2008.

Concédons toutefois que M. Richard Martineau a été le seul invité de l’émission à avoir mis les pendules à l’heure, en ce qui concerne les gags de Bye Bye 2008, quoique, lui non plus, n’ait pas relevé ce qui a pu offenser La Ligue des Noirs du Québec qui a porté plainte contre l’émission.

Une question qui me vient à l’esprit dans notre contexte francophone québécois où les partis politiques, les postes de télévisions, la fonction publique, les universités, les syndicats se targuent de promouvoir l’égalité pour les minorités et mettent à l’avant-plan les membres de minorités visibles, sans compter les millions de dollars accordés en subventions aux divers établissements et programmes censés promouvoir les bonnes relations et combattre le racisme : comment se fait-il que périodiquement (faut-il rappeler l’épisode des Têtes à claques ?) de telles bévues se produisent dans nos médias francophones ? Ces derniers sont-ils imperméables à tous ces efforts de sensibilisation en matière de relations interraciales ? Pourquoi, par exemple, les médias anglophones du Québec et du reste du Canada (les mainstream medias, tels CBC ou CTV) ne provoquent-ils pas de telles controverses ? Y a-t-il, dans ces milieux, une symbiose entre les groupes «minoritaires» et les concepteurs des émissions que l’on souhaiterait retrouver dans les médias francophones et qui, jusqu’à date, fait défaut ?


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By Victor Teboul

Victor Teboul is a writer and the publisher of Tolerance.ca ®, The Tolerance Webzine, which he founded in 2002 to promote a critical discourse on tolerance and diversity. He is the author of several books and numerous articles.

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