Québec solidaire chauffe le Parti québécois dans plusieurs circonscriptions. Pour arrêter la saignée de son parti, le chef péquiste a essayé de l'associer dans l'esprit des électeurs au marxisme. Le hic, c'est que le Parti communiste du Québec a apporté officiellement son appui aux 125 candidats péquistes.
À cause de l’antimarxisme affiché par le chef péquiste, on pouvait s'attendre à un fort rejet communiste de ses candidats dans les 125 circonscriptions que compte le Québec. Mais, ce n’est pas le cas.
Les communistes appelés à faire bloc derrière le PQ
Le Parti communiste du Québec (PCQ) ne présente aucun candidat sous sa bannière aux élections législatives générales de cette année. Sa dernière participation aux élections provinciales remonte à 2008, à l’époque de l’ancien premier ministre libéral Jean Charest.
Le 16 août dernier, le PCQ a publié un communiqué sur son site web. À cette occasion, son chef (depuis 1998) André Parizeau s’est exprimé au nom du comité exécutif central du parti. Conformément à une décision prise en mois de juin dernier par cette instance décisionnelle, il a, d’un côté, appelé les communistes au Québec à se mobiliser pour appuyer et contribuer à faire élire dans les 125 circonscriptions électorales les candidats d’un Parti québécois qualifiée de ''meilleur choix'' et de ''nécessité'' pour les communistes dans le contexte actuel. (1) Il a estimé d’un autre côté que QS mérite d’être ''sanctionné.'' Comment ? En l’empêchant de ravir de nouvelles circonscriptions et même de se faire réélire dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, Mercier et Gouin. À la place des Solidaires Manon Massé, Ruba Ghazal (qui a l’appui du député sortant Amir Khadir) et Gabriel Nadeau-Dubois, M. Parizeau aimerait voir leurs adversaires péquistes Jennifer Drouin, Michelle Blanc et Olivier Gignac.
Mais, pourquoi appuyer officiellement le PQ et non par exemple les camarades du Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ) qui convoitent cette année 25 des 125 circonscriptions électorales?
Pour justifier cet alignement sur une formation qui n’est pas connue pour avoir des sympathies communistes, la direction communiste a présenté à ses membres le PQ comme ''le meilleur garant'' d’un ''Québec plus juste et équitable pour tous et toutes, et aussi souverain, une fois pour toutes.''
Au cours du mois de septembre, le Parti communiste a, à trois reprises, soit les 11, 19 et 25, réitéré son appui ferme au Parti de Jean-François Lisée.
Autre fait intéressant à noter à propos de l’appui du Parti communiste aux candidats péquistes: comme c’est indiqué, en date du 3 septembre, sur sa page Facebook, M. Parizeau a été récemment élu au bureau national du Bloc québécois et occupe également la fonction de trésorier du PQ dans Acadie.
On peut ajouter à cela le fait que le candidat péquiste dans Gatineau, Jonathan Carreiro-Benoit, affichait sur son profil Facebook une photo de lui avec le fameux livre de Karl Marx et F. Engels «Le Manifeste du parti communiste» bien en vue. Il a dû se résoudre finalement à la remplacer par une autre plus conventionnelle.
Le camarade Parizeau et sa croisade contre QS
Si le Parti communiste a ignoré les camarades du chef du Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ), Pierre Chénier, pourquoi s’est-il exprimé en long et en large sur QS et a cherché à le diaboliser? Que reproche-t-il au juste à la formation qui comptait parmi ses membres le regretté et illustre syndicaliste Michel Chartrand?
Pour essayer de tirer cette affaire au clair du point de vue de M. Parizeau, Tolerance.ca l’a d’abord sollicité, via sa messagerie privée sur Facebook. Au moment où nous mettions en ligne cette chronique, on n’avait pas eu de ses nouvelles.
Nous nous sommes alors rabattu sur un post publié sur sa page Facebook et en bas duquel on trouve inscrits son nom et ceux de Pierre Klépock et Guy Roy. M. Roy est un syndicaliste (FTQ). Il est également membre du comité de direction du Parti communiste et son co-porte-parole depuis plusieurs années. M. Klépock est pour sa part un syndicaliste (FTQ). Il fut parmi les membres fondateurs de l’Union des forces progressistes (UFP), une des composantes du futur Québec solidaire.
Dans ce post, les trois communistes accusent QS de ne pas aider à ''la réalisation du projet d’indépendance,'' de ne pas aider à ''la recherche d’une plus grande justice sociale,'' d’empêcher ''les travailleurs et les travailleuses (de prendre) la part qui leur revient dans (la) société (québécoise), d’être un ''facteur de division,'' de relayer ''trop souvent ce que disent le patronat et les libéraux.'' Par conséquent, les trois communistes estiment que QS ''mérite d’être sanctionné.'' Autrement dit, de perdre les prochaines élections dans tout le Québec. Cela dit, ils laissent la porte entre-ouverte dans l’espoir qu’un QS repentant revienne à la raison et renonce à son ''attitude sectaire et dogmatique.''
Qu’on soit d’accord ou non avec la formation de gauche souverainiste, ce catalogue d’accusations fait sourire et ne résiste nullement à la moindre analyse. QS est une formation qui milite en faveur de l’indépendance du Québec. Si une partie des électeurs traditionnels du PQ l’ont déserté et rejoint QS, c’est parce qu’ils ne croient pas à la volonté du PQ de tenir un référendum lors d’un premier mandat et cela dure depuis l’ère du gouvernement de Lucien Bouchard qui était obsédé par le dogme du déficit zéro à tout prix. Également, les choix solidaires sont aux antipodes de ceux du Parti libéral du Québec. Aussi, la justice sociale est au cœur de son programme. D’ailleurs, plusieurs de ses promesses sociales phares vont dans ce sens, dont l’augmentation significative du salaire minimum.
Au fond, on sent que le rejet par QS de la ''convergence souverainiste,'' thème cher à Jean-François Lisée, reste coincé dans la gorge des communistes et ne le lui pardonnent pas.
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Le Parti communiste ne s'est pas contenté de fustiger QS puisqu'il a apporté officiellement son soutien au PQ et appelé ses membres à voter pour ses 125 candidats à travers le Québec. Cet appui clair des communistes et leur noyautage de son parti sont embarrassants pour celui-là même qui avait tout fait ou presque pour associer QS et communisme dans l'esprit des électeurs. Il fait donc figure de l’arroseur arrosé.
25 septembre 2018