Tolerance.ca
Director / Editor: Victor Teboul, Ph.D.
Looking inside ourselves and out at the world
Independent and neutral with regard to all political and religious orientations, Tolerance.ca® aims to promote awareness of the major democratic principles on which tolerance is based.

Attentat à Québec: Un attentat terroriste frappe le Centre islamique de Québec et fait des morts et des blessés

(French version only)
By
Contributor, Member of Tolerance.ca®

Qui l’aurait imaginé? On se croyait jusqu'ici à l'abri de la terreur. Et pour cause. La ville de Québec n’avait jamais connu d’attentat terroriste dans le passé. Mais, c’est arrivé le 29 janvier 2017. Un cauchemar pour le Québec et le reste du pays!
 

Subscribe to Tolerance.ca

Le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) est situé dans l’arrondissement Ste-Foy de la Capitale-Nationale. Il a été, le dimanche 29 janvier, la cible d’un attentat terroriste. Cette attaque dans ce lieu de culte musulman a fait six morts et une vingtaine de blessés.

Les victimes de l’attentat terroriste

Le 29 janvier, une soixantaine de fidèles musulmans étaient à la grande mosquée de Ste-Foy pour faire leur prière du soir, ou salat al-ishae. Un homme armé s’est présenté sur les lieux et a ouvert le feu sur eux. Il voulait, semble-t-il, tuer le maximum d’entre eux. Le bilan de cette attaque: six morts, tous des hommes, et une vingtaine de blessés. Cinq de cette vingtaine d’hommes demeurent à hôpital. Deux d’entre eux sont dans un état critique.

Les autorités policières ont rapidement arrêté le présumé tireur. Elles ont mis en place un large périmètre de sécurité autour du CCIQ pour éviter que le lieu du crime soit contaminé. Personne ne pouvait y accéder. Elles ont d’un autre côté confiné dans un périmètre tout près du Centre islamique les membres des médias qui avaient accouru sur les lieux. Cette nuit, deux points de presse sur l’enquête ont été tenus par la police. Autour de minuit et demi, une porte-parole de la SQ, Christine Coulombe, a confirmé à l’auteur de ces lignes et aux autres membres des médias que la police considère ce qui s’était passé comme un attentat terroriste. Mais, elle n’a pas élaboré davantage sur l’arme utilisée, l’identité ou les motifs de l’assaillant, malgré l’insistance des journalistes. Ces derniers ont fini par comprendre qu’ils n’obtiendront pas davantage de détails d'elle cette nuit-là. Mais, elle leur a dit qu’ils pourraient la contacter à un numéro de téléphone qu’elle a communiqué.

A 1 heure 45 minutes, c’était au tour du premier ministre, Philippe Couillard, de son ministre Martin Coiteux et du maire de la ville, Régis Labeaume, de tenir leur point de presse depuis le ministère de la sécurité publique. Le gouvernement québécois a considéré cette attaque comme un acte terroriste. Une appréciation partagée par le gouvernement fédéral de Justin Trudeau.

Les autorités québécoises ont tenu à rassurer la population en général et à exprimer leur sympathie pour les victimes de l’attentat et leur solidarité avec les Québécois musulmans. Des gestes appréciés par les premiers concernés.

Les six victimes de l’attentat avaient entre 39 et 60 ans. Ils s’appelaient: Azzedine Soufiane, Abdelkrim Hassane, Khaled Belkacemi, Aboubaker Thabti, Mamadou Tanou Barry et Ibrahima Barry.

Azzedine Soufiane est né au Maroc. Il avait 57 ans. Il vivait à Québec depuis plus d’un quart de siècle. Il était père de trois enfants, âgés de 15 ans, 13 ans et 6 ans. Il était depuis plusieurs années propriétaire de la boucherie Assalam (ou La paix). Il était connu de la communauté musulmane de la Capitale-Nationale pour son dévouement et son service du prochain. Les différents témoignages le concernant brossent de lui le portrait d’un homme aimable, serviable et de commerce agréable. Il avait obtenu une maîtrise en géologie à l’Université Laval et avait entrepris des études doctorales à l’INRS à Québec. Faute d’avoir pu décrocher un travail dans son domaine, ce francophone a dû ouvrir une épicerie Halal au 3173 sur le Chemin Sainte-Foy; non loin du Centre islamique, pour gagner sa vie et nourrir sa famille.

Abdelkrim (Karim) Hassane est né en Algérie. Il avait 41 ans. Il était père de trois fillettes: Yamina (10 ans), Sarah (8 ans), nées toutes les deux en Algérie, et Sofia, née il y a 15 mois au Québec. Cet informaticien avait émigré au Québec en 2010. Après un séjour montréalais, il s’était installé à Québec. Il avait rapidement déniché un emploi. Il travaillait depuis 2014 comme analyste-programmeur au Centre de services partagés du Québec. Les Hassane jouissent tous de la citoyenneté canadienne.

Khaled Belkacemi est natif de la capitale algérienne. Il avait 60 ans. Il était père de deux enfants adultes. Il était professeur titulaire et chercheur en génie alimentaire à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) à l’Université Laval. Son épouse, Safia Hamoudi, est elle aussi professeure et chercheuse dans la même faculté.

Aboubaker Thabti est né en Tunisie. Il avait 44 ans. C’était un pharmacien de formation. Il vivait à Québec depuis 2012. Ce choix était pour offrir un meilleur avenir à sa petite famille. Il était père de deux enfants, un garçon âgé de 11 ans et une fillette âgée de 3 ans. Faute de pouvoir œuvrer dans son domaine de formation, il travaillait comme chef d’équipe chez Exceldor, une entreprise privée située à Lévis.

Mamadou Tanou Barry est né en Guinée. Il avait 42 ans. Il s’était installé au Québec en 2011 et avait été naturalisé. C’était un père de deux jeunes enfants, un garçon de 3 ans et une fillette de 1 an et demi. Il travaillait comme comptable chez Lucas Meyer Cosmetics, une entreprise privée qui a ses bureaux à Place de la Cité, à Ste-Foy.

Ibrahima Barry est né en Guinée. Il avait 39 ans. Il vivait au Québec depuis 2011. C’était un proche ami de Mamadou Tanou Barry. Ils demeuraient dans le même immeuble. Il était père de quatre enfants, deux filles de 13 et 7 ans, et deux garçons de 3 et 2 ans. Il travaillait comme informaticien à Revenu Québec. Il était naturalisé canadien.

Réactions politiques et populaires

Dès sa sortie, la nouvelle de l’attentat terroriste s’est répandue comme une trainée de poudre dans la Capitale-Nationale et dans le reste du Québec et du Canada. Le pays s’est aussitôt retrouvé en état de choc. La classe politique a fait bloc pour condamner l’attentat et multiplier les signes de sympathie pour les victimes et leurs familles et de solidarité avec les Québécois musulmans.

L’attentat terroriste a été également condamné aux quatre coins du monde. Pour rendre hommage aux victimes, la capitale française a fait plonger la tour Eiffel dans l'obscurité totale.

Plusieurs municipalités québécoises ont mis en berne leurs drapeaux.

Les autorités policières n’ont pas traîné les pieds avant de réagir à l’attentat. Elles ont rapidement mis la main au collet du présumé tueur, Alexandre Bissonnette. Elles ont également renforcé la sécurité autour des lieux de culte à Québec, au Québec et dans le reste du pays. Ce qui montre qu’elles ont pris très au sérieux ce qui s’était passé dans le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ).

Au palais de justice de Québec, Alexandre Bissonnette a été, quelques heures après son arrestation, formellement accusé de six meurtres prémédités et de cinq tentatives de meurtre.

Le suspect est un identitaire de droite. Il est âgé de 27 ans. Il est inscrit au programme de baccalauréat du département de science politique à l’Université Laval. En apprenant ce qui s’était passé, l’institution du haut savoir était mal à l’aise. Après la comparution du présumé tueur, elle l’a suspendu de toute activité universitaire en attendant la fin des procédures judiciaires. Aussi, le recteur de l’université était ému au moment de s’adresser aux médias après la tuerie. Il a également mis en berne le drapeau de son institution. Pour rassurer la communauté universitaire, les mesures de sécurité sur le campus ont été renforcées.

Au Québec et dans le reste du pays, les initiatives citoyennes de solidarité avec les Québécois musulmans se sont multipliées et étaient très courues.

A Québec, des milliers de citoyens anonymes ont, le 30 janvier, rendu hommage aux victimes de la tuerie lors d’une cérémonie simple et touchante. Sur l’estrade, aux côtés des organisateurs de l’événement et de représentants musulmans, il y avait le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, le maire de la Capitale-Nationale, Régis Labeaume, les autres chefs des partis représentés à l’Assemblée nationale et à la chambre des Communes et plusieurs autres députés. Les différents orateurs ont prononcé de courts discours emprunts d’empathie pour les victimes et solidaires des Québécois musulmans. Des messages appréciés par les premiers concernés.

***

Comme on vient de le voir, ces six victimes étaient des hommes originaires de trois pays du Maghreb et de la Guinée et qui avaient choisi la ville de Québec comme port d'attache et comme lieu pour vivre honnêtement et élever leurs enfants. Ils avaient en commun le fait d’être des pères de familles, des époux et des travailleurs. Tous jouissaient d’une bonne réputation. Ceux d’entre eux qui n’avaient pas pu trouver un travail lié à leur domaine de formation s’étaient retranchés les manches et travaillaient dans un autre domaine quand ils ne lançaient pas leurs propres affaires. Un indice fort de leur soif d’intégration dans la société québécoise et au Canada. En retrouvant la mort dans un lieu de culte, ces innocentes victimes du terrorisme d’extrême droite ont laissé derrière elles six veuves et dix-sept orphelins en très bas âge pour la plupart d’entre eux. Les aidera-t-on? Les accompagnera-t-on dans leur terrible épreuve? Aussi, que fera la société pour que ce qui est arrivé le 29 janvier ne se reproduise plus?

30 janvier 2017



** À l'arrière de l'ancienne église Notre-Dame-de-Foy, la vigile de solidarité avec les victimes de l'attentat terroriste du 29 janvier. Crédit de l'image: Archives personnelles.


Comment on this article!

Postings are subject to the terms and conditions of Tolerance.ca®.
Your name:
Email
Heading:
Message:
Follow us on ...
Facebook Twitter