
Québec — La députée libérale Fatima Houda-Pepin rompt avec la position de son parti sur la laïcité de l'État. Dans une lettre rendue publique jeudi 14 novembre 2013, madame Houda-Pépin se dit «sidérée, blessée et choquée» par des déclarations de son collègue libéral, Marc Tanguay, sur le tchador, qui a affirmé dans une entrevue qu’il se sentirait parfaitement à l'aise de siéger aux côtés d'une députée recouverte d'un tchador.
Dans sa lettre, madame Houda-Pépin se demande s'il faut en conclure que son parti a pris pour modèle d'égalité hommes-femmes, des pays comme l'Arabie saoudite et l'Iran.
«Est-ce que c'est ça le modèle de l'égalité homme-femme que le Parti libéral du Québec veut maintenant présenter à la face du Québec ? Est-ce que les Québécoises ont fait tout ce chemin pour en arriver à prendre comme modèle de l'égalité hommes-femmes celui de l'Arabie saoudite ou de l'Iran des Ayatollahs ?», s'interroge la députée.
Madame Houda-Pepin, musulmane d'origine marocaine, se préoccupe depuis longtemps de la montée de l'intégrisme. Elle avait déclaré récemment que le débat sur la laïcité était un enjeu de société qui devait dépasser les lignes de parti. Son propre parti, le Parti libéral du Québec (PLQ) s’oppose vigoureusement au projet de charte proposé par le gouvernement du Parti québécois qui a déposé un projet de loi sur ce sujet la semaine dernière.
Madame Houda-Pépin, qui représente le comté de La Pinière à l’Assemblée nationale du Québec depuis 1994, affirme dans sa lettre que le PLQ doit au contraire accepter de limiter les droits, même fondamentaux, «quand l'intérêt public l'exige», dans ce cas-ci au nom de l'égalité entre hommes et femmes. Elle rappelle même les moments historiques importants de son Parti, lequel a fait adopter le droit de vote des femmes en 1940.
14 novembre 2013