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Director / Editor: Victor Teboul, Ph.D.
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La circulation libre et gratuite du livre : plateforme parfaite pour la promotion de la lecture ?

(French version only)
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Ph.D., Université de Montréal, Editor, Tolerance.ca®

Internet ayant encouragé la gratuité et - quoi qu’en disent ses détracteurs - l’entraide, voici qu’un phénomène touchant la libre circulation du livre prend de l’ampleur, et ce alors que des tonnes de livres sont pilonnés chaque année, en dépit des millions de dollars en subventions allouées à l'industrie du livre (1). L’idée toute simple vise à mettre en contact les gens à travers le monde au moyen du partage de livres. Le lecteur ou la lectrice étant invité-e à remettre en circulation le livre après lecture.

Créé en 2001 par Ron Hornbaker, dans l’Idaho aux Etats-Unis, le ‘’Bookcrossing’’ compte aujourd’hui près de deux millions de membres, et plus de 9 millions de livres voyagent dans 132 pays à travers le monde.  Chez les francophones, le phénomène est connu sous le nom de  «livre voyageur » ou « passe-livre ».  En France, le groupe circul'livre en fait la promotion.

Au Québec, trois étudiantes en lettres de l’Université Laval - Gabrielle Brisebois, Mélise Brisebois, et Catherine Blaquière - sont les initiatrices de «Libérez les livres». Comment est né le projet ? Quelle a été la réaction du public ? Comment les acteurs québécois de l’industrie du livre – écrivains, éditeurs, libraires – ont-ils réagi ? Nous avons posé ces questions aux responsables du projet et Catherine Blaquière a bien voulu y répondre au nom du groupe.

Entrevue réalisée par Victor Teboul pour Tolerance.ca ® 

Tolerance.ca : Comment le projet «Libérez les livres» est-il né au Québec ? Quelles sont les raisons qui vous ont motivées ?  Et quels sont vos objectifs ?

Catherine Blaquière - Nous sommes très impliquées dans notre communauté. Considérant notre amour des livres, nous avons choisi de partager notre passion dans le but de favoriser l'accès gratuit à la culture du livre. «Libérez les livres!» est une adaptation du bookcrossing ou du passe-livre, l’équivalent européen du projet, que nous avons découvert lors de notre voyage. Cependant, nous l'avons adapté pour en faire un mouvement citoyen ancré dans la communauté. C'est dans cette mesure que nous avons développé un réseau de points de partage qui permet à tout un chacun d'aller volontairement à la rencontre de livres libérés, mais aussi d'y venir déposer les siens.

En parallèle de ces points "officiels", notre mouvement encourage la libération de livre à l'image du bookcrossing en incitant les gens à déposer des livres dans des endroits publics de toutes sortes. En revenant d'Europe, nous avons développé, Gabrielle Brisebois et moi, ces adaptations dans le but de permettre la libre circulation des livres dans notre ville, tout en développant un réseau et du matériel permettant à n'importe qui de s'emparer du projet et de le développer indépendamment de nous, afin que le projet continue de prendre de l'ampleur. Nous souhaitons plus spécifiquement renforcer notre partenariat avec la Ville de Lévis, nous implanter de façon marquée à Montréal et susciter l’intéret de la Ville de Québec qui nous boude depuis nos débuts.

Tolerance.ca : Quelles démarches avez-vous entreprises ?

Catherine Blaquière : À partir de cette idée de départ, nous avons approché différents commerces pour établir quelques points de partage dans la Ville de Québec. Peu à peu, nous avons entrepris des partenariats, dont plusieurs ont été développés par des fans du mouvement. Avec une bonne présence sur les réseaux sociaux, notamment grâce à notre blogue, ainsi que grâce à l'enthousiasme de plusieurs médias, le projet a pris son envol. Notre lancement s'est déroulé au Musée de la civilisation, à Québec,  lors de la Nuit de la liberté, en novembre 2011. Notre victoire au concours de Forces Avenir a été un bon tremplin et le projet a connu une croissance fulgurante depuis. Rares sont ceux qui ont eu une réaction négative. Le projet enchante systématiquement !

Tolerance.ca : L’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal,  a développé un projet semblable appelé Livre-service. Il semble d’ailleurs être un des seuls partenaires de votre projet parmi les villes et régions du Québec, comment expliquez-vous cela ?

Catherine Blaquière : Étant de la région de Québec, il nous est difficile de développer un réseau à Montréal ou ailleurs. Plusieurs personnes ont manifesté l'intérêt de fonder une "branche" du mouvement, mais cela n'avait pas porté fruit. Lorsque nous avons entendu parler de l’initiative de l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, nous avons immédiatement pris contact avec les responsables.  «Libérez les livres !» est également partenaire de LibreAiry, une bibliothèque en plein-air à Montréal. Pour ce qui est des autres régions, le mouvement s'est installé en Beauce, grâce à l'organisme pour l'alphabétisation Alphare. Nous continuons à inviter les gens à ouvrir des points de partage, mais le mouvement avance timidement lorsqu'on s'éloigne de Québec et de Lévis.

Tolerance.ca : Comment les écrivains et leur association réagissent-ils à votre projet ?

Catherine Blaquière : Les écrivains y voient une plateforme parfaite pour la diffusion de la lecture, et donc de leurs oeuvres. «Libérez les livres!» touche à tous les publics et fait de nouveaux lecteurs chaque jour. Cela invite les gens à apprécier les ouvrages d’un auteur par d'autres moyens que les bibliothèques ou les librairies. De nombreux auteurs nous ont offert plusieurs de leurs volumes pour qu'ils circulent. Nous n'avons rencontré que des écrivains qui s’en réjouissent.

Tolerance.ca : Quelle a été la réaction de l’industrie du livre, notamment des éditeurs ?

Catherine Blaquière : Les éditeurs ont eu une réaction aussi positive que les écrivains. C'est une occasion de plus pour eux de se faire connaître, de faire connaître des auteurs et de fidéliser de nouveaux lecteurs. Nous participons à créer de nouveaux lecteurs, et cela ne peut être que profitable pour tous les maillons de la chaîne du livre. Nombre de maisons d'éditions nous suivent sur les réseaux sociaux et nous saluons leur implication pour la diffusion de la culture écrite.

Tolerance.ca : Amazon,  le réseau de vente de livres par Internet, semble être un partenaire du projet «Libérez les livres», comptez-vous approcher d’autres intervenants du marché du livre ? Et dans l’affirmative, lesquels ?

Catherine Blaquière : Nous n'avons pas de partenariat avec Amazon. Nous proposons sur notre site des suggestions de lecture qui réfèrent à Amazon pour en permettre l'achat. Cependant, nous sommes bien conscientes de la valeur marchande des livres que nous libérons. Aussi sommes-nous très ouvertes à un partenariat avec un éditeur, par exemple, qui voudrait faire connaître une oeuvre par le biais de notre réseau. Nous croyons que la lecture profite toujours à tous.

Note

1. Sur le pilonnage, lire : Le pilon, la face cachée de la chaîne du livre (cet excellent article est maintenant introuvable en 2019 - VT...)

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4 février 2013



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By Victor Teboul

Victor Teboul is a writer and the publisher of Tolerance.ca ®, The Tolerance Webzine, which he founded in 2002 to promote a critical discourse on tolerance and diversity. He is the author of several books and numerous articles.

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