par Simon Pagé
Pour faire suite au reportage de Normand Grondin diffusé au Téléjournal de 18h à Radio-Canada le 18 décembre 2012, nous voudrions répondre à certains commentaires du porte-parole du SPVM, M. Ian Lafrenière, et clarifier certaines impressions qui s'en dégageaient.
Entrevue à la SRC
La raison pour laquelle nous avons accepté de répondre aux questions de M. Grondin de Radio-Canada est que nous croyons sincèrement que le public qui a suivi ce qu'il est convenu d'appeler « l'affaire du Matricule 728 » a le droit de savoir qu'au-delà des agressions dont nous avons été victimes le 2 octobre 2012, le mutisme et l'immobilisme du SPVM quant au sort des accusations criminelles qui pèsent contre nous, prolongent indûment nos souffrances et notre anxiété.
Collaboration à l'enquête
Cela dit, nos tenons à affirmer avec force qu'en aucun temps, ni nous-mêmes ni notre procureur n'avons cherché à marchander de quelque façon notre collaboration à l'enquête concernant la Matricule 728. Nous avons toujours dit et répétons aujourd'hui bien que nous n'avons rien à nous reprocher dans cette affaire, notre procureur, Me Raphaël Schachter, nous a fortement déconseillé de collaborer à l'enquête au sujet du comportement de cette policière et de son collègue tant que planera au-dessus de nos têtes la menace d'accusations criminelles pour entrave, intimidation et voies de fait.
Il est important de comprendre que nous avons dès le départ accepté de rencontrer les enquêteurs du SPVM afin de les aider à mener leur enquête au sujet des deux policiers en question. Notre avocat avait d'ailleurs organisé un rendez-vous dans ses propres bureaux, en sa présence, afin de nous permettre de témoigner et ainsi faire avancer l'enquête. Cette proposition avait été acceptée par les enquêteurs. Mais par la suite, ces derniers sont revenus sur leur décision et ont exigé que les interrogatoires se fassent dans les locaux du SPVM, avec des caméras et sans la présence de notre avocat. On a même requis que nous soyons interrogés séparément et de manière simultanée dans des locaux différents et avec quatre enquêteurs distincts. Ces conditions ont été jugées déraisonnables par notre avocat et par nous-mêmes.
Depuis ce temps, certaines autres tentatives ont été faites afin de nous interroger sans que notre avocat ne soit mis au courant. Il est difficile, de notre point de vue, de se sentir en confiance face à de telles méthodes et c'est pourquoi nous redoublons de prudence avant de fournir nos dépositions.
Pour que ça se règle
La présence de Monsieur Lafrenière en entrevue nous confirme que ce dossier est hors du commun. Nous avons un profond respect pour le travail difficile que les policiers ont à faire et avons confiance dans notre système de justice. Personne ne peut nous reprocher d'être trop prudents face à une situation qui déroge à la normalité. Nous sommes impatients de contribuer au dénouement de cette histoire, mais tout doit se faire dans le respect des droits et libertés fondamentales. Combien de fois faudra-t-il que les enquêteurs visionnent les images diffusées par Radio-Canada pour réaliser que nous sommes des victimes dans cette affaire et non pas des agresseurs. Le directeur du SPVM, M. Marc Parent, se serait-il excusé publiquement devant la population du Québec du comportement des deux policiers concernés si ce n'était pas le cas? Une petite goutte de bons sens suffirait à résoudre cette impasse et à avancer dans ce dossier qui concerne tous les citoyennes et citoyens de Montréal.
Mise au point rédigée par Simon Pagé, au nom de :
Simon Pagé
Serge Lavoie
Rudi Ochietti
Karen Molina
La policière Stéphanie Trudeau, mieux connue sous le nom de Matricule 728, est intervenue de manière musclée, en arrêtant quatre personnes pour des motifs nébuleux et dans des conditions violentes en octobre 2012. Deux mois et demi après l'intervention musclée de la policière de Montréal connue comme le matricule 728, intervention largement couverte par les médias, avec images et témoignages à l’appui concernant le comportement de la policière, le dossier piétine au bureau du procureur. On ne sait toujours pas si l'agente Stéfanie Trudeau devra répondre à des accusations criminelles, tandis que les citoyens arrêtés le 2 octobre ne savent toujours pas s'ils seront formellement accusés. (NDLR)
22 décembre 2012