Le Pakistan est présentement au cœur d’une controverse. Une jeune fillette chrétienne de 11 ans, Rimsha Masif, risque la pendaison. Elle est accusée de blasphème et a été incarcérée dans une prison à Rawalpindi, ville jumelée avec la capitale pakistanaise.
La loi antiblasphème du Pakistan, adoptée en 1986, prévoit la condamnation à mort ou la prison à vie. Selon certaines informations, la fillette serait trisomique. Son crime ? Rimsha est accusée d'avoir brûlé des pages d’une version du Coran, qui servirait comme méthode d'apprentissage de l'arabe pour débutants, et d'avoir mis les cendres dans un sac en plastique. L'incident s'est déroulé le 16 août 2012, dans le bidonville de Meherabadi, à Islamabad, où elle vit avec sa famille. Elle a été arrêtée par la police suite à une plainte déposée par un voisin.
Son cas rappelle celui d’Asia Bibi, une paysanne, elle aussi accusée d’avoir blasphemé le prophète. Elle avait été condamnée à la pendaison en 2010 et incarcérée depuis.
Le Pakistan reçoit depuis des années des centaines de millions de dollars de pays occidentaux, dont le Canada, une aide qui devrait servir à améliorer la condition des femmes ainsi que la condition générale de la population en ce qui touche notamment à l’éducation.
Pourtant, on est à même de constater que cette assistance ne change en rien ni les attitudes ni les comportements de la population. Le gouvernement canadien et ses partenaires occidentaux ne devraient-ils pas se pencher sur l’utilisation de leur assistance financière en élaborant des outils permettant de mesurer non seulement le nombre d’écoles qui ont été construites, mais aussi et surtout d’évaluer les résultats obtenus en ce qui touche l’évolution des mentalités ? Les lois adoptées par un pays ne constituent-elles pas un indicateur de cette évolution ? Ne peut-on pas faire respecter les droits de la personne autrement qu’en dénonçant les abus commis à l’endroit des droits humains ?
Signalons qu’ en janvier 2011, le gouverneur du Punjab, Salman Taseer, qui critiquait ouvertement les lois pakistanaises sur le blasphème, a été assassiné en public par son propre garde du corps, Mumtaz Qadri, à cause de ses convictions. Qadri est actuellement incarcéré à la prison de Adiala, où Rimsha a été envoyée.
Lors de son procès, sur le chemin qui le menait au tribunal, Qadri avait été escorté par ses partisans qui lui jetaient des pétales de rose.
La France, qui fournit aussi de l’aide au Pakistan, a demandé aux autorités pakistanaises de libérer Rimsha Masif. Mais qu’en est-il du Canada ? Au moment où nous écrivons ces lignes, aucune déclaration n’a été rendue publique sur ce sujet par le gouvernement canadien.
26 août 2012