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La chroniqueuse Francine Pelletier relaie le message des Islamistes

par Marc Lebuis, Point de Bascule

Dans sa récente critique du film Ces crimes sans honneur, parue dans le Huffington Post, Francine Pelletier insinue que les crimes d’honneur ne seraient qu’une variante de la violence domestique qui survient en Occident : «Y a-t-il tant de différence entre ce genre de meurtre (les crimes d’honneur) et les 139 femmes assassinées par leur conjoint au Québec au cours des 10 dernières années?» Oui, une énorme différence.
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Après avoir produit un film sur deux militantes musulmanes sans parler de leurs liens avec des organisations pro-charia financées par l’Arabie saoudite, Francine Pelletier fait montre de relativisme culturel en présentant les crimes d’honneur comme une variante de la violence domestique conventionnelle. Elle prend également soin d’évacuer la justification des crimes d’honneur par la charia.

On savait de Francine Pelletier qu’elle avait réussi le tour de force de réaliser un film sur deux militantes musulmanes sans ne rien nous dire de leurs liens avec des organisations pro-charia qui reçoivent des fonds de l’Arabie saoudite et qui en transfèrent d’autres vers le collecteur de fonds du Hamas au Canada.

On savait également de Francine Pelletier qu’elle a cautionné l’islamiste Tariq Ramadan en participant aux activités de son organisation Présence Musulmane dans le passé. Ramadan a été récemment nommé à la tête d’un centre de recherche sur la charia financé par le Qatar et endossé par le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi. Ce même Qaradawi, que Ramadan présente comme «un des exégètes de l'islam les plus importants» à s'être prononcé sur la question des attitudes et des comportements que les musulmans doivent adopter lorsqu'ils vivent en Occident, encourage ouvertement les mutilations génitales féminines et l’assassinat des homosexuels. Il promeut Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les juifs. (Tariq Ramadan, Radical Reform, New York, Oxford University Press, 2009, pp. 31 et 326)

En 2004, Tariq Ramadan incita les leaders musulmans opérant au Canada à recourir aux institutions existantes pour introduire la charia au pays dans une interview à un périodique égyptien. En 2011, il invita ses supporteurs réunis à Dallas à «coloniser» les États-Unis «avec notre compréhension de l’islam, avec nos principes».
Pendant qu’une musulmane comme Fatima Houda-Pepin prenait des risques importants pour nous mettre en garde contre les tentatives d’implantation de la charia au Canada, Francine Pelletier s’activait à donner de la crédibilité à un de ses principaux promoteurs, Tariq Ramadan.

Depuis quelques jours, on sait également de Francine Pelletier qu’elle relaie le message des islamistes sur la question des crimes d’honneur. Dans sa récente critique du film Ces crimes sans honneur, parue dans le Huffington Post, elle insinue que les crimes d’honneur ne seraient qu’une variante de la violence domestique qui survient en Occident : «Y a-t-il tant de différence entre ce genre de meurtre (les crimes d’honneur) et les 139 femmes assassinées par leur conjoint au Québec au cours des 10 dernières années?»
Oui, une énorme différence.

Comme l’ont précisé plusieurs rapports sur le sujet dont le rapport Petermann rédigé à la demande du juge belge responsable du procès des membres de la famille Sheikh accusés et condamnés en 2011 du meurtre de leur fille/sœur Sadia, les crimes d’honneur se distinguent des autres cas de violence domestique en ce qu’ils ne sont pas des actes individuels mais des actes prémédités et planifiés par la famille.

Rapport Petermann – Des membres de la famille sont dans tous les cas impliqués dans ces crimes : père, mère, frères sœurs, oncles, cousins, grands-parents, etc. Souvent c’est le plus jeune frère de la fratrie (à qui l’on demande de tuer) parce que légalement il est mineur. Il arrive que la mère ou les sœurs soient directement impliquées, non parce qu’elles sont poussées par la peur ou sous la contrainte, mais parce qu’elles ont la conviction que certaines traditions ne peuvent être transgressées.

Si la jeune femme parvient à s’échapper, la famille entière se mobilise pour tenter d’accomplir la «sentence»; la planification et la participation de parents proches distingue ce type de crime des violences domestiques (notamment conjugales) qui peuvent déboucher elles aussi sur des homicides, ou des crimes dits passionnels.

Cette distinction fondamentale prend toute son importance quand il s’agit de protéger les jeunes filles menacées par leur famille. Les intervenants de première ligne appelés à aider les femmes impliquées dans des dynamiques d’honneur doivent être sensibilisés au fait que tous les membres de la famille représentent une menace potentielle. Ils doivent décourager les jeunes filles menacées de se rapprocher non seulement de leur père mais également des autres membres de la famille qui sont encore proche de lui.

Si les intervenants se font convaincre par le genre de désinformation véhiculée par Francine Pelletier, ils sous-estimeront la menace représentée par famille et même la communauté avec les conséquences tragiques que l’on a pu voir dans le passé.

Quand Francine Pelletier établit un parallèle entre les assassinats perpétrés par le docteur Turcotte et ceux de la famille Shafia, elle ne fait que colporter du politiquement correct. Les enfants du docteur Turcotte étaient en sécurité auprès de leur mère et même auprès des propres parents du médecin. Si ces adultes proches de Turcotte avaient réalisé la nature de la menace qui pesait sur les deux jeunes enfants, ils les auraient mis à l’abri. Ce n’est pas le cas dans une dynamique d’honneur.

Le crime d’honneur : un phénomène culturel ET religieux

L’autre précision qu’on doit faire dans le dossier des crimes d’honneur concerne l’origine du phénomène. Culturelle ou religieuse?
Francine Pelletier écrit que le film Ces crimes sans honneur «précise qu'il s'agit bien d'un "problème culturel" plutôt que religieux, la tentation d'y voir une autre manifestation de fanatisme musulman étant bien grande par les temps qui courent».

Le film Ces crimes sans honneur a été présenté au cinéma Excentris à Montréal le 11 mai 2012. Après la projection du film, la réalisatrice Raymonde Provencher et une des participantes au film, Aruna Papp, ont répondu à quelques questions de l’auditoire. Le directeur de Point de Bascule était présent et rapporte ce qui suit. Un spectateur a fait remarquer à madame Papp que, durant le film, elle parlait du caractère culturel des crimes d’honneur et non de leur caractère religieux. Il lui a demandé pourquoi.

La réponse d’Aruna Papp est éloquente. Elle a déclaré ne pas avoir abordé l’aspect religieux car «elle désire vivre encore longtemps».

Ne pas vouloir parler d’un phénomène car on craint subir des représailles physiques en le faisant ne signifie pas qu’on nie l’existence dudit phénomène. Bien au contraire madame Pelletier.

Le crime d’honneur comme l’excision sont certainement des phénomènes culturels puisqu’ils ne touchent pas qu’une seule religion et que, dans le cas de l’islam, ils ont même précédé son arrivée.

Cependant, quand on constate que quatorze siècles après les débuts de l’islam, les plus hautes autorités de cette religion, autant sunnites que chiites, continuent de promouvoir des manuels de charia qui décrètent l’immunité des parents qui tuent leurs enfants, on ne peut plus ignorer l’aspect religieux de cette pratique.

Conclusion

S’il importe tant de rappeler que la charia endosse les crimes d’honneur en prévoyant l’immunité pour les parents qui tuent leurs enfants, c’est que plusieurs organisations islamistes s’activent dans le dossier et représentent des parents musulmans qui ont menacé leurs enfants dans le passé auprès d’organisations gouvernementales.

Ces organisations islamistes pro-charia font partie du problème, elles ne font pas partie de la solution. Et pourtant, elles sont constamment invitées à s’adresser aux policiers et à d’autres intervenants dans le dossier des crimes d’honneur et dans des programmes de rapprochement.

En permettant à des défenseurs de la charia qui prévoit l’immunité des parents qui tuent leurs enfants de convaincre les intervenants de première ligne que la charia n’a rien à faire avec le phénomène grandissant des crimes d’honneur, on a rendu les loups responsables de la bergerie.

Selon ce que le procès Shafia nous a appris, une bonne dizaine d’intervenants dans les écoles fréquentées par les trois sœurs Shafia et à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) connaissaient les menaces dont elles faisaient l’objet. Personne n’est intervenu pour les aider. On peut directement attribuer cette inaction à la confusion dont on entoure le crime d’honneur et au désir absolu de ne pas heurter des sensibilités religieuses. Amoindrir une menace en la dénaturant n’est pas sans conséquences.

Références supplémentaires

Aruna Papp (Toronto Star – 15 juillet 2010) : Le multiculturalisme étouffe la critique du crime d’honneur (Multiculturalism muffles ‘honour killing’ criticism)
Point de Bascule (12 octobre 2011) : Procès des Shafia : Rappel sur les crimes d’honneur
Point de Bascule (6 décembre 2011) : Maria Mourani relativise et dénature le concept de crime d’honneur
Point de Bascule (9 décembre 2011) : Charia et crimes d’honneur : Point de Bascule répond à Sikander Ziad Hashmi
Point de Bascule (24 janvier 2012) : Rapport Petermann : Une synthèse belge sur le crime d’honneur

18 mai 2012
 

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