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L’affaire du projet de la mosquée du quartier Saint-Sauveur à Québec

(French version only)
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Le quartier populaire Saint-Sauveur de la ville de Québec a été choisi pour accueillir une mosquée. Ce projet est destiné à répondre aux besoins cultuels de la communauté québécoise musulmane pieuse. Mais il suscite l’inquiétude d’une partie des habitants du quartier.

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Selon certains chiffres, le nombre des musulmans dans la ville de Québec est situé autour de 7000 habitants. La plupart d’entre eux sont d’immigration récente. Leur intégration dans la Vieille Capitale va de pair avec leur dotation d’institutions répondant à des demandes spécifiques, dont des commerces dédiés à la vente de produits importés du Maghreb ou du Proche-Orient. Avec l’implantation de plus en plus de musulmans sur place se pose la question de lieux de culte pour répondre aux besoins des pieux d’entre eux.

Projet d’une mosquée dans le quartier St-Sauveur

Mosquée de la Capitale (MDC) est une organisation musulmane de Québec. Elle a jeté son dévolu sur un ancien salon funéraire, sis rue Marie-de-l'Incarnation, en vue de le transformer en mosquée. Cet édifice est situé dans Saint-Sauveur, un quartier populaire de Basse –Ville dépendant de la paroisse de Sainte-Angèle-de-Saint-Malo. L'édifice en question est situé en face de l'Église Saint-Malo.

M. Mohamed Hafid est porte-parole de la Mosquée de la Capitale. Ce professionnel en technologie de l'information a affirmé à Tolerance.ca que cela «fait plus de deux ans que MDC cherchait un endroit approprié» pour l’exercice du culte musulman. Ce besoin est devenu criant au fil des dernières années en raison, a-t-il soutenu, du fait que les «quatre salles de prière déjà disponibles ne répondent plus à la demande d’une population musulmane pieuse de plus en plus nombreuse». Il a rappelé que cette capacité n’excède pas à l'heure actuelle les 600-700 personnes. Ce qui est loin de suffire à combler de manière adéquate la demande cultuelle, en particulier lors de la grande prière du vendredi. D’où selon lui le «besoin d'un nouveau lieu de prière plus spacieux pour les musulmans de la ville».

Réactions contradictoires au projet de la mosquée sis Marie-de-l’Incarnation

Le projet de cette mosquée suscite à la fois l’ouverture des uns et de vives réactions chez une partie des habitants du quartier.

Les opposants font deux types de reproche au projet de MDC. D’abord, son emplacement puisqu’il est situé en face de l'Église Saint-Malo. Ils disent craindre de voir «les valeurs chrétiennes» se faire concurrence. Une d’entre eux, Julie Langlois, s’est fait remarquer, à un des bulletins de nouvelles locales de la télévision de Radio-Canada et dans plusieurs titres de la presse locale, en affirmant, sans complexe, que cette mosquée allait «humilier les pratiquants»! Comment? En «bafouant nos valeurs» (sans préciser lesquelles), sans oublier le «traumatisme» qui, a-t-elle affirmé, sera infligé aux «ouailles âgées». Cette résidante estime en outre qu’une mosquée située à proximité de l'Église Saint-Malo reviendrait, d’un point de vue symbolique, à «mettre sur un pied d'égalité les religions chrétienne et musulmane» (voir Le Soleil, 29 février 2012). Une éventualité qui ne saurait être acceptable pour elle.

Mohamed Hafid (MDC) a imputé cette résistance à ce qu’il qualifie de «préjugés» et «d’ignorance» au sujet de l’islam.

Le père Alain Fisel (curé à l’Église Saint-Malo) a quant à lui expliqué à Tolérance.ca qu’il «ne s’inquiète pas de la proximité du nouveau lieu de culte musulman» avec sa chapelle. S’il a dit «comprendre les inquiétudes d’une partie» de ses ouailles, il les impute aux «stéréotypes de gens déstabilisés dans leurs coutumes et leur sécurité» face au changement dans une ville peu habituée à la diversité ethnoculturelle. Mais il a tenu à préciser qu’il s’agit là d’une «infime minorité». Les autres, une écrasante majorité, «tiennent à la liberté de culte» y compris pour les musulmans, tout en espérant que les «chrétiens du monde musulman jouissent de la même liberté». Les propos à saveur sociologique du curé de Saint-Sauveur montre la complexité du regard de la communauté chrétienne sur le projet de la mosquée sis Marie-de-l’Incarnation. C’est également une illustration de la tolérance des ouailles de l’Église Saint-Malo.

Les opposants au projet craignent également l’aggravation du problème de stationnement dans une zone où il est souvent difficile d’en trouver aisément. Mais à en croire MDC, ce problème ne se posera pas puisqu’il y aura un espace de stationnement à même le nouveau édifice. De plus, son porte-parole a affirmé qu’à l’occasion de la prière du vendredi les habitants du coin n’auront pas à faire face à un quelconque attroupement devant l’édifice ni ne perdront des places de stationnement.

Comme l’a expliqué à Tolerance.ca la conseillère Geneviève Hamelin, «si la Charte canadienne des droits et libertés garantit les libertés religieuses, dont celle de se doter de lieux de culte pour les religions reconnues par le pays, dont l’islam, transformer un ancien salon funéraire en mosquée nécessitait une modification de zonage». Mais avant que cela ne devienne effectif, il fallait passer par une consultation publique. Le conseil du quartier, qui a voté presque à l'unanimité pour le changement de zonage, a vu une trentaine de résidants du secteur se rendre au centre communautaire Mgr-Bouffard pour s’y prononcer.

Mais avant d’aller de l’avant dans ce projet, il «faudrait que le conseil d'arrondissement de la Cité-Limoilou donne son accord», de l’aveu même de la représentante à la ville du troisième district de Saint-Sauveur, conformément à la réglementation en vigueur en la matière. Sauf si une inconnue survienne et mette un  terme à ce projet…

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Le projet de MDC répond à un réel besoin cultuel chez la communauté musulmane pieuse à Québec. Il participe également de la visibilité (et de l’attrait) multiculturels du quartier. Le fait que ce sont des musulmans qui se chargent d’amasser, ici, au pays (et non auprès de puissances ou donateurs étrangers), les fonds nécessaires à la réalisation de leur projet cultuel, une somme estimée par M. Hafid à un million de dollars, est une bonne nouvelle pour le pays et un indice de la bonne santé financière de la communauté musulmane.

8 mars 2012



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